Roxanne Bouchard : La puissance de l’amitié
Roxanne Bouchard n’avait jamais imaginé devenir écrivaine, ne serait-ce qu’une seule seconde. C’est pourtant elle qui recevait le Prix Robert-Cliche du premier roman 2005.
Le printemps se dégourdit. La température confortable accroche un joli sourire sur presque tous les visages. Debout, au milieu du café, Roxanne Bouchard rayonne. Dès le premier regard, on sait que sa bonne humeur ne découle pas du changement de saison, qu’elle est habituelle.
Entre la jeune femme et le monde, il n’existe aucun mur, aucune protection. L’auteure de 32 ans s’ouvre avec la plus grande honnêteté. Son premier bouquin parle justement de ça, de la rencontre avec l’autre. Étouffée par la culpabilité, Élie, la narratrice, fuit. Pour des raisons qu’elle garde secrètes, elle sent le besoin de se reconstruire. Elle se réfugie donc dans un chalet isolé en pleine forêt. Ce lieu est le point de départ d’un pèlerinage fantaisiste sur le chemin du pardon, mais surtout d’une flopée d’amitiés, dont une toute particulière avec une fillette maltraitée, âgée de huit ans. "Je me demandais comment elle allait se refaire, raconte Roxanne Bouchard en faisant référence à Élie. Et j’avais envie que ça soit par la musique, par la littérature, par l’amitié et la générosité des autres. Tu sais, c’est par ça qu’on se refait, par des gens qui nous apportent un pardon auquel on ne s’attendait pas."
Une question à propos du manque de véritables rencontres s’envole doucement. Cela déclenche une cascade de rires. L’écrivaine, qui correspond depuis plusieurs années avec certains amis – c’est d’ailleurs eux qui l’ont incitée à prendre la plume -, poursuit: "Dans le temps, les gens avaient les enfants et leurs grands-parents à la maison. Ils étaient une communauté tissée serré. Dans les dernières années, tout a été axé sur l’idée de l’indépendance. Tout le monde veut être indépendant, mais finalement, tout le monde se retrouve tout seul. On s’entoure de plein de téléphones, on regarde tout le temps nos courriels. Et dans ma correspondance, ce que j’ai rencontré, ce sont des gens qui vivaient une certaine forme de solitude et qui la partagent. Mes correspondants, quand ils m’écrivent, ils m’écrivent des affaires secrètes. Un peu comme un journal intime que tu écris à quelqu’un que tu ne vois pas. Ça permet de parler et de vraiment entrer en contact avec le monde. Chez nous, la solitude est vraiment un problème. Rencontrer vraiment les gens et se laisser rencontrer, c’est difficile. C’est difficile de rester honnête et de se dire que les gens vont venir à soi et qu’on va se montrer sans défense."
On dit du Prix Robert-Cliche du premier roman qu’il est un prix pour inciter un jeune auteur à en écrire un deuxième. La tête remplie d’images de voyage, Roxanne Bouchard avoue ne pas penser à ça. Whisky et Paraboles est né un peu par hasard, au gré de ses correspondances. Elle parle d’ailleurs de travail d’équipe. "Il y a des écrivains qui écrivent tout seuls dans leur coin et qui disent que c’est difficile. Le syndrome de la page blanche, je n’ai jamais eu ça parce qu’il y a toujours eu du monde pour me "re-swinguer", souligne-t-elle. Même les punchs de la fin, ce sont mes amis qui me les ont suggérés."
Roxanne Bouchard sera en séance de signatures le dimanche 2 avril, de 12h à 13h30.
Whisky et Paraboles
De Roxanne Bouchard
VLB éditeur, 2005, 280 pages.