Pierre Chatillon : Comme une chanson
L’écrivain Pierre Chatillon revient du Sud avec son recueil annuel. Cette fois-ci, son éloge à la beauté s’intitule Les Ailes de la mer.
Chaque hiver, depuis 30 ans, Pierre Chatillon loue une maison sur une île en Floride. Là, contrairement à l’image populaire, il retrouve un territoire quasi vierge, une douzaine de kilomètres de plage fréquentés par de rares baigneurs. Comme à Port-Saint-François, où il jette l’ancre pendant les mois plus douillets, l’auteur de 67 ans est bercé par la beauté fragile de la nature. Cependant, dès qu’il pose les pieds dans le golfe du Mexique, les portes de la création s’ouvrent. Tout coule. "Là-bas, je retrouve mon enfance. C’est ce qu’on recherche tout le temps, quand on a eu une enfance heureuse évidemment, amorce-t-il. J’ai écrit un très grand nombre de livres là-bas. Toujours au même endroit. J’avais écris La Mort rousse là-bas. C’est un endroit qui m’inspire souverainement."
La mer et ses merveilles sont responsables de ce flot d’inspiration qui se traduit, ce printemps, par le recueil de poésie Les Ailes de la mer. "Mon livre parle de la mer, mon inspiration, du soleil, du passage du temps, des oiseaux aussi." ("On peut voyager loin/à partir d’une plume de goéland/trouvée sur la plage/on se retrouve enfant/alors qu’il suffisait sur le sable/de courir en ouvrant les bras/pour se changer en oiseau"). Une plaquette baignée par la lumière, par le positif… "C’est toujours ce que j’ai rêvé de faire. Et je l’atteins, aujourd’hui, plus facilement qu’autrefois", admet celui qui a toujours craint de tomber dans le piège de la littérature noire. "Mes livres sont tous dans la même lancée. Ce sont tous des chants à la beauté du monde. (…) Depuis que je suis tout petit, j’observe les insectes, les fourmis… J’ai la passion des fleurs. J’ai toujours voulu savoir comment c’est fait. Je regarde tout ça et ça m’inspire. Ma passion, c’est la nature. Je suis en admiration devant ça. J’aurais voulu, quand j’étais plus jeune, chanter tout ça. Mais je n’étais pas capable. J’écrivais des choses noires. Pourtant, mon intention, ce n’était pas ça."
Devant les horreurs qui alimentent le contenu des nouvelles des différents médias, devant l’inévitable catastrophe environnementale vers laquelle se dirige la planète, Pierre Chatillon a envie plus que jamais de faire l’éloge de la vie. "La grande mode, c’est de montrer toute cette laideur-là. Ça change quoi une fois qu’on le sait! (…) Les plantes qui sont là, il faut tout faire pour les protéger. Moi, ma façon, c’est de dire à quel point c’est beau."
Depuis deux ans, Pierre Chatillon exprime aussi cette splendeur par la musique. "C’est devenu ma passion première. Et je vais sortir mon premier CD au cours de juin. Ce sont toutes mes oeuvres. Elles sont interprétées par le quatuor de saxophones de Jacques Laroque, Andran", raconte le poète, qui joue du saxophone depuis belle lurette. Serait-ce un bourreau de travail? "Je ne suis pas du genre qui s’assoit sur un banc et qui s’ennuie. Je travaille jour et nuit."
Les Ailes de la mer
De Pierre Chatillon
Les Écrits des Forges, 2006, 98 p.