David McNeil : Rock'n'roll
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David McNeil : Rock’n’roll

David McNeil, romancier, parolier, auteur-compositeur-interprète, fils du peintre Chagall, dévoile surtout dans son sixième livre sa grande amitié pour Robert Charlebois et son amour pour Montréal. Même s’il enferme son héros dans un centre de désintox!

Y a pas à dire, le mythe des grands espaces a la couenne dure! Et l’américanité montréalaise exerce toujours son pouvoir de séduction sur les cousins français. Tant qu’à devoir se taper une cure fermée, aussi bien que ce soit dans ma cabane au Canada! C’est du moins le choix du narrateur de ce Tangage et roulis (une traduction franchouillarde de "rock’n’roll"), qui préfère une clinique coin Papineau-Sherbrooke à un sanatorium en Suisse.

UNE DERNIÈRE POUR LA ROUTE

Après avoir mis le feu à tout ce que sa bien-aimée possédait de dentelles, de velours et de satin dans la cour intérieure de son appartement parisien, un soir de cuite, notre homme est condamné à subir une cure de désintoxication. Puisqu’il peut compter sur un répondant au Québec, nul autre que Charlie Wood, un chanteur mythique qui brasse aussi de la Blanche… de Chambly, il s’envole outre-Atlantique pour être interné chez le docteur Closson.

Sauf qu’avant d’échouer dans ce nid de coucou, il se paiera une bonne tournée des grands ducs, arpentant les bars des hôtels chics, les terrasses de la rue Saint-Denis, rencontrant la manitou du rire Rozon sur sa route… Cette première partie du récit, virée enivrante avant la panne sèche de la réclusion, nous amuse surtout parce qu’elle met en scène un "touriste" français se payant une dernière brosse en terrain connu… pour le lecteur québécois.

Et, allez savoir pourquoi, mais on aime bien que les étrangers viennent vivre leurs romans chez nous, même si c’est pour se soûler et tenter d’en guérir.

LA BROUE DANS LE TOUPET

Une fois incarcéré, notre narrateur fait tout pour fuir la grisaille de sa cure et le désespoir de ses copains de désintox. Sur le coup, on rigole avec lui, surtout lorsqu’un de ses compatriotes chansonniers, aussi célèbre que notre Charlie Wood, et tout aussi identifiable sous son pseudonyme de Reinhart, le Renard, déballe son histoire. "Vous êtes tous ici parce que vous êtes accros à une chose ou une autre. Je vais vous expliquer comment ne jamais vous laisser piéger. Écoutez-moi, c’est simple: lundi, alcool, mardi, cocaïne, mercredi, haschich, jeudi, amphétamines, vendredi, héroïne, samedi, ecstasy, dimanche, L.S.D. […] Avec ce régime, pas d’accoutumance."

Alors, on se met à rire un peu jaune. Sans trop savoir si c’est là que l’auteur voulait nous conduire. A-t-il choisi la dérision pour nous faire comprendre le drame de la dépendance ou se moque-t-il tout simplement de la détresse des junkies en tous genres – drogués, alcooliques, prostituées, etc., qui n’ont ni l’argent ni les contacts pour faire semblant de s’en sortir? J’ose croire que ce grand plaisir de lecture a les vertus des vices qu’il célèbre.

Tangage et roulis
de David McNeil
Éditions Gallimard, 2006, 132 p.