Le Procès d’Emily : Mémoire vive
Le Procès d’Emily, écrit par Line Gaudreault, montre que ce n’est pas d’hier que la population s’intéresse aux intrigues judiciaires… Le tribunal a souvent été une salle de spectacle!
Aujourd’hui à la tête de la station Cogeco d’Alma et de Roberval, Line Gaudreault occupait, dans les années 80, un poste d’animatrice-journaliste pour cette station. "J’étais vraiment sur le terrain, se souvient-elle. J’avais alors réalisé et animé une série télévisée, 30 émissions sur l’histoire d’Alma. Dans un livre sur l’histoire d’Alma que je consultais pour ma recherche, on parlait d’une affaire de meurtre qui avait eu lieu pendant la construction des barrages…" Déjà, sa curiosité était piquée. En consultant les archives criminelles de la région, elle s’était rendu compte que rien n’avait été gardé ici: dans le cas de procès pour meurtre ayant été tenus lorsque la peine de mort était encore légale au Canada, les archives sont gardées précieusement à Ottawa. Impossible de se les approprier, ou même d’en faire des copies. C’est donc à partir des faits relatés par les journaux de l’époque, dans la région – Le Progrès du Saguenay, notamment – et à l’extérieur de la région – Le Soleil, La Patrie -, qu’elle a fait les recherches qui l’ont menée à l’écriture de ce roman historique. "Ça a été un travail de moine… J’ai trouvé des choses, mais plutôt l’année suivante, parce que la cause a été entendue seulement pendant l’été 1927. Plus je fouillais l’affaire, plus je trouvais que c’était croustillant comme histoire…" Le souvenir de ce fait divers est resté vif en sa mémoire pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’elle écrive enfin son roman, dont la rédaction a pris des airs de marathon d’écriture – trois mois, et c’était terminé.
Ses nombreuses années de recherche et de documentation ont été fructueuses. Le Procès d’Emily donne l’impression d’avoir été écrit à partir d’archives judiciaires, alors qu’il n’en est rien. Il n’est pas long que le récit tombe dans le vif du sujet… Les quatre procès d’Emily Sprague devaient être abordés: rebondissements, parjures… Le lecteur peut sentir, dans les nuances des différents témoignages, que la justice n’est pas toujours une question de vérité.
Chez cette auteure passionnée d’histoire, l’affaire criminelle est rapidement devenue un prétexte pour faire découvrir l’univers et la culture des habitants à l’époque du virage industriel du Lac-Saint-Jean: "On apprend beaucoup sur les moeurs, sur la vie des gens… Sur ce que j’appelle la "petite histoire"." Elle a aussi fait un effort pour que le vocabulaire utilisé soit teinté des expressions de l’époque, que les métaphores, même, qui colorent le récit, respectent l’imaginaire des gens d’alors. "Je voulais reconstituer l’époque à travers le langage que j’utilisais, explique-t-elle. Monsieur Otis, par exemple, quand je l’ai interviewé, ne disait pas qu’il avait été gardien de prison. Il disait toujours "Moi, j’étais tourne-clé." Il disait ça avec tellement de fierté! J’aimais beaucoup ce qualificatif-là."
Travaillant dans le secteur de l’audiovisuel, depuis le tout début, elle caresse le rêve de faire une adaptation cinématographique de son roman. Elle n’y est pas encore, mais elle continuera de tout mettre en oeuvre pour faire avancer le dossier… "Ce sera ma prochaine étape. Pour l’instant, je fais beaucoup de terrain pour ma promotion… Il y a beaucoup d’auteurs sur le marché, ce n’est pas évident de faire sa place."
Le Procès d’Emily
Lanctôt Éditeur
Qu’est-il devenue de Emily Sprague apres avoir ete aquitter du meurtre d son epoux, Mr Gallop?
Merci