Arrivages de l'étranger : Marée haute
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Arrivages de l’étranger : Marée haute

Arrivages de l’étranger: quelques suggestions avant le déluge.

Il fallait s’y attendre, plusieurs titres de la rentrée font écho, parfois directement mais le plus souvent par ricochet, au 11 septembre. Entre bien d’autres, Serge Joncourt installe son histoire début 2003, à l’aube de la guerre en Irak, dans un immeuble parisien qui va soudain connaître lui aussi une forme d’invasion (Que la paix soit avec vous, Flammarion). Le même éditeur propose en traduction Sexe et Dépendances, du Bostonien Stephen McCauley. L’auteur de La Vérité, ou presque, actuellement porté à l’écran par Agnès Jaoui, fait graviter des personnages qu’on dit criants de vérité autour d’un agent immobilier gay et adepte de rencontres par Internet, qui tentera de renoncer à la chair mais s’en dira incapable dans un contexte de traumatisme post-11 septembre…

Pendant ce temps, chez Robert Laffont, Patrice de Méritens fait paraître Les Larmes d’Allah, le parcours de deux petites filles "dans un pays ravagé par la guerre", qui seront recueillies par des fous de Dieu et que l’on poussera plus tard à commettre un attentat suicide, et Plon publie en version française Un désordre américain, une comédie noire de Ken Kalfus chez qui l’écroulement des Twin Towers a inspiré une métaphore sur l’effondrement d’une relation de couple.

Toujours chez Plon mais dans un registre différent, Contours du jour qui vient, de la Française d’origine camerounaise Léonora Miano, fait le portrait de Musango, une fillette jetée à la rue puis mêlée par des proxénètes africains à un trafic odieux. Chez Grasset, on annonce un nouveau Patrick Rambaud, Le Chat botté, qui raconte l’ascension de Bonaparte, de même que Panthéon, dans lequel Yann Moix donne la parole à un enfant qui, pour échapper à son destin d’enfant martyr et à la solitude, invente son propre panthéon, dans lequel il promènera le lecteur.

Albin Michel a programmé, comme d’habitude, une opulente rentrée. Hormis l’inamovible Amélie Nothomb, qui signe Journal d’Hirondelle, on compte beaucoup sur la jeune Max Monnehay et son premier roman Corpus Christine, un monologue grinçant, à l’humour féroce, et sans doute aussi sur le Alexandre et Alestria de Shan Sa, qui écrit sa poésie en chinois mais ses romans en français (elle avait remporté le Goncourt du premier roman avec Porte de la paix céleste, en 1999). Aussi à l’agenda, la parution du nouveau Dantec, Grande Jonction, et des traductions attendues de Fergus, qui a révélé l’États-Unienne Adrienne Miller, et de Les Houwelandt, de l’Allemand John von Düffel.

Alain Mabanckou propose une nouvelle fête du langage au Seuil avec Mémoire de porc-épic, second volet de la trilogie ouverte avec Verre cassé. Deux autres incontournables: L’Amour humain, la plus récente livraison du populaire Andreï Makine, qui se déroule essentiellement en Afrique mais où l’histoire soviétique trouve ici encore de nombreux échos, et Je te retrouverai, traduction du onzième roman de John Irving.

À L’Olivier, on mise sur Mangez-moi, d’Agnès Desarthe, dans lequel l’auteure d’Un secret sans importance nous présente la complexe Myriam et son projet d’ouvrir un restaurant, un lieu bientôt très fréquenté, où rêve et réalité s’entremêlent. Chez Actes Sud, le Prix Goncourt 2004 Laurent Gaudé signe Eldorado, dont la couverture bleu aventure invite à un riche voyage, tandis que chez Fayard, Benoît Duteurtre se rappelle à notre souvenir avec Chemins de fer.

XO Éditions promet Journaux d’enfants dans la guerre, de la désormais connue du monde entier Zlata Filipovic, aujourd’hui âgée de 25 ans (coécrit par Mélanie Challenger). Flammarion annonce Rendez-vous, de Christine Angot, la vertigineuse histoire d’amour entre une auteure et un acteur, où chacun se trouve partagé entre sa passion pour l’art et sa passion pour la vie. Le prolifique Florian Zeller, pour sa part, nous entraîne sur les pas de Julien Parme, 14 ans, qui découvre la liberté dans un mélange d’ivresse et de déceptions.

Julliard promet aussi de beaux fruits, dont la saison 3 du Doggy bag de Philippe Djian et surtout Les Sirènes de Bagdad de Yasmina Khadra, pendant que de Robert Laffont, on attend également Marie, ce titre où l’étonnant Marek Halter revisite le plus grand mythe du monde chrétien, L’Inévitable Histoire de chacun, de Yémi, genre de Roméo et Juliette bien d’aujourd’hui, et Crimes horticoles de… Mélanie Vincelette!