François Turcot : Devant l’immensité
D’où vient ce frisson? D’un nordet qui souffle entre les couvertures. Et qui pousse un peu plus loin. Ou alors des mots-glaçons, que l’on touche du doigt, ceux qui flottent sur le blanc des pages.
Premier recueil de poésie paru à la jeune maison d’édition almatoise La Peuplade: édition et diffusion d’art, Miniatures – en pays perdu, de François Turcot, présente huit tableaux poétiques donnant sur l’immensité et le froid. Avec Turcot, le lecteur est résolument tourné vers le Nord, projeté par sa lecture dans les vastes espaces où s’étirent, rachitiques, des arbres frileux aux racines frêles. Le voir et le souvenir s’entrelacent dans cette oeuvre-fenêtre, perçant le mur d’une masure de bout du monde, où le poète se pose en voyeur, en percepteur détaché mais attentif, conscient de son point de vue isolé mais sensible.
Les poèmes de Turcot sont frangés d’une prose délicate, couvrant doucement la page comme l’aurait fait le givre. Dans Isba, dont il s’agit d’une réédition, le paysage devient plutôt celui d’une femme caressée par le regard délicat du poète, la scrutant approximativement – comme il se doit. La regardée offre avec rigueur beauté et distance, ces ingrédients qui fondent invariablement l’inaccessible.
Le regard in and out du poète, jeté à la ronde, peut ainsi aborder avec lucidité, dans le tableau intitulé Taïga, la déroute des âmes du Nord, des "synonymes" dans lesquels on se reconnaît. Le Nord, d’où semblent provenir les mots de Turcot, souffle des sentiers nivaux vers l’autre, traçant les pas à venir, redonnant même envie de voir l’hiver. Ce n’est pas peu dire. La Peuplade: édition et diffusion d’art, 2006, 90 p.
François Turcot, comme tous les auteurs associés à La Peuplade, sera présent au Salon du livre pour rencontrer les lecteurs.