Marc Vaillancourt : L'indéfectible surcharge
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Marc Vaillancourt : L’indéfectible surcharge

Armé de sa verve caustique, de ses idées puisées aux sources de saint Thomas d’Aquin et de son goût exacerbé pour les mots rares, Marc Vaillancourt sera présent au Salon du livre du Saguenay – Lac-Saint-Jean pour y présenter son second ouvrage de fiction. Attention, il mord!

Dans La Cour des contes, Marc Vaillancourt nous propose un projet audacieux, inspiré par Louise de Vilmorin, qui consiste à réunir, dans un même recueil, des écrits de tonalités, genres et volumes divers: "Changement de corbillon, dit le vieil adage, fait l’appétit bon. Contes, ou nouvelles, ou fables, ou récits… laissons ces distinctions, pour ainsi dire trichoscopiques, à des plus savants que nous." Si l’idée de départ semble intéressante, sa concrétisation se révèle décevante. Dans une langue surchargée (armez-vous de patience et d’un dictionnaire), l’auteur esquisse des peintures de moeurs truffées de remarques haineuses. Il met en scène des histoires où des pécheresses trouvent le salut au couvent, où des huissiers de justice payent leurs comptes à saint Pierre et où des pilleurs de tombes sont punis pour leurs méfaits. Bien que les règles de l’art soient respectées, que les citations démontrent une érudition admirable et que certaines phrases touchent au sublime, le texte verse dans une mélancolie gluante et suffocante: l’auteur pleure sans fin le latin disparu et les affres de la modernité. Il affirme même que la sémiotique, la psychanalyse et la littérature québécoise sont de la m****. Héritier rigoureux d’un passé sublimé, où la spiritualité et les belles lettres constituaient les valeurs significatives, Marc Vaillancourt, qui dénonce le "prétentionnisme" et la médiocrité des uns et des autres, s’enfonce invariablement dans le bourbier qu’il s’évertue à condamner sans pitié.

La Cour des contes, de Marc Vaillancourt,
Éditions Triptyque, 2006, 92 p.