Jimmy Beaulieu : Capteur de rêves
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Jimmy Beaulieu : Capteur de rêves

Le bédéiste Jimmy Beaulieu embrasse le titre du premier auteur québécois à assurer la présidence d’honneur du encore très jeune Rendez-vous international de la bande dessinée de Gatineau. Court entretien.

Fin observateur de la scène québécoise du neuvième art, le Québécois Jimmy Beaulieu, un touche-à-tout optimiste, a pratiqué plusieurs métiers liés à la bande dessinée: libraire, critique, commissaire d’expositions, conférencier, animateur d’ateliers, éditeur et bédéiste. Sans qu’il ne tombe dans un certain cynisme, cela a néanmoins fait de lui un militant "hyperactif" quant à la place allouée à cet art dans le large paysage culturel. "C’est un médium qui est extrêmement en santé, qui n’est pas dans un cul-de-sac comme semblent l’être le cinéma, la littérature ou les arts visuels, dont on a parfois des indices d’un certain essoufflement. La bande dessinée permet ce tricot entre l’image et l’écriture, ça crée une poésie qui lui est propre et qui est un stimulant imaginaire puissant."

Le rôle qu’on lui a confié au Rendez-vous international de la bande dessinée de Gatineau (RVIBDG) lui permettra donc de réaffirmer ses positions auprès de ses collègues de toutes contrées quant à cet art qui continue à prendre de la maturité au Québec. "En Europe, la bande dessinée grand public est plus fortement implantée dans l’inconscient collectif, alors quand quelqu’un arrive avec autre chose, il a un ennemi puissant à tasser. Ici, on est devant un terrain vierge. Le courant commercial ne nous nuit pas. À vrai dire, mes livres vendent plus que la bande dessinée dite commerciale, alors on serait bien fous d’avoir une attitude agressive envers ce courant-là."

Auteur de quatre albums, dont le plus récent est Ma cousine en maillot, Jimmy Beaulieu se démarque de par son travail spontané, simple et vivant, qui, somme toute, est un peu à l’image de la maison d’édition Mécanique générale, qu’il fondait en 2000. "On voulait créer une bande dessinée qui laissait une belle place à l’urgence. On s’est demandés pour qui on ferait des dessins hyper léchés? Pour les pinailleurs? Pour notre satisfaction? Les dessins plus spontanés expriment souvent mieux les émotions. Je voulais aller à l’essentiel, qui est de raconter des histoires avec des images fortes."

Le RVIBDG sera aussi une occasion pour lui de lancer la réédition de son premier livre, Quelques pelures, avec en prime une centaine de pages faisant état, sous forme de BD, du processus de création de l’oeuvre. "Ça raconte comment, à 24-25 ans, j’ai lâché ma job à Québec pour me lancer en bande dessinée à Montréal avec notamment toutes les histoires de filles qu’il y avait autour de moi dans ce temps-là", relate l’auteur, qui a réalisé ces pages en deux semaines de façon à pouvoir en faire le lancement au Rendez-vous. "C’était tout un marathon. J’ai dormi à peu près deux à trois heures par nuit. J’allais me coucher à 1h du matin, je me réveillais à 3h et je redescendais à la course dans mon atelier continuer!"

Du 18 au 22 octobre
Au Musée canadien des civilisations
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ITINÉRAIRE BD

Après une sixième édition, on se réjouit que le Rendez-vous international de la bande dessinée de Gatineau (RVIBDG) quitte son tristounet centre commercial pour investir un endroit à la hauteur de ses ambitions. C’est donc au troisième étage du Musée canadien des civilisations que nicheront les différents ateliers, séances de dédicace, jeux, dessins en direct, expositions et tables rondes de l’événement. Plaçant la Suisse à l’honneur avec son ambassadeur, le bédéiste Derib, le Rendez-vous reçoit également neuf invités de partout, soit Terhi Ekebom de Finlande, les Français Jean-Claude Fournier et Jean-Louis Tripp, Stefano Ricci d’Italie, la Néo-Brunswickoise Gisèle Lagacé, les Québécois Réal Godbout et Yves Rodier ainsi que les bédéistes ayant fait leurs armes dans la région: André St-Georges et Iris, celle qui représentera la relève. Des activités spéciales sont également au programme, dont une version adaptée du spectacle multidisciplinaire Conte à bulles de Jean-Claude Fournier ainsi qu’une présentation de l’artiste visuel local Christian Quesnel, qui transpose en images l’univers de la conteuse Danièle Vallée et de son complice musicien Jean Cloutier. Pour connaître l’horaire du RVIBDG: www.slo.qc.ca