Herménégilde Chiasson : Poète dans la cité
Herménégilde Chiasson est l’invité cette semaine des Poètes de l’Amérique française. On profite de ce passage du lieutenant-gouverneur et artiste dans la capitale du Québec pour discuter avec lui des liens unissant son oeuvre et son action politique.
Voir a joint le poète alors qu’il arrivait à peine de Dakar, où il a reçu le grand prix Léopold Sédar Senghor, remis par la Maison africaine de la poésie internationale. "Je ne suis pas allé en Afrique pour chercher un prix, explique le poète acadien. C’était complètement imprévu! Je me suis rendu là-bas parce que la poésie africaine comporte beaucoup de lyrisme et que c’est un registre dont je me suis souvent servi." En plus de cette proximité stylistique, l’artiste a pu marcher dans les pas du poète-président. "Ça m’a aussi permis d’aller constater ce qu’il reste de Senghor, de ses écrits et de son action politique et sociale. Sans me comparer à lui, je trouve inspirant de voir comment il a pu conjuguer le rôle de l’artiste à l’exercice du pouvoir."
Nommé lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick en 2003, Herménégilde Chiasson admet sans détour que la fonction a changé son rythme de production, mais également sa perception des choses. "J’ai malheureusement l’impression que le monde artistique et littéraire a souvent tendance à être assez cynique", confie le créateur connu autant pour son oeuvre comme plasticien que pour ses films et ses écrits. "Avant même ma nomination, j’avais développé une approche que je souhaitais positive. Pour moi, l’art est plus qu’une dénonciation. C’est un refuge, un lieu de réenchantement du monde." Grâce à sa fonction, le lieutenant-gouverneur a la chance de rencontrer des groupes et des individus qui l’inspirent par leur engagement au sein de leur communauté. "Le fait de rencontrer des gens qui fonctionnent à partir de la générosité m’a permis de remettre la beauté du geste et de la forme au centre de mes préoccupations. Et je pense que c’est là la fonction première des artistes, de redonner espoir en la beauté."
Afin de prolonger sa vision artistique dans son action politique, Herménégilde Chiasson a défini trois axes au coeur de son mandat. "En premier lieu, j’ai placé la culture comme enjeu prioritaire. Ensuite, vient l’alphabétisation parce qu’il y a encore de grands problèmes de ce côté au Nouveau-Brunswick. Finalement, j’ai beaucoup travaillé sur le rôle et la place des Premières Nations. Mais, en fait, tout cela se regroupe dans l’idée d’aventure humaine. Dans cette aventure, je pense que la culture offre un terrain exceptionnel pour échanger et grandir."
La tête pleine de projets, l’artiste pense parfois à son retour à la vie d’artiste à temps plein. Déjà, il travaille à plusieurs projets d’écriture, dont une trilogie inspirée de La Divine Comédie, de Dante. À l’occasion de son passage aux Poètes de l’Amérique française, l’artiste acadien prévoit lire certains textes de son répertoire, des oeuvres en chantier ainsi que des extraits de son prochain livre, Béatitude. La soirée, sous le ton de la poésie et de la musique, fera également place à la contralto Marie-Maude Viens. Accompagnée de la pianiste Nathalie Tremblay, elle présentera des oeuvres d’Ernest Chausson, d’Édouard de Lalo et d’Hector Berlioz.
Le 13 novembre à 19h
À la chapelle du Musée de l’Amérique française
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