Pascal Girard : En quelques lignes
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Pascal Girard : En quelques lignes

Pascal Girard, bédéiste né à Jonquière, publie chez Mécanique générale une bande dessinée émouvante qui pourrait attirer l’attention.

Faire un livre, c’est facile. Si on en croit l’introduction de sa bande dessinée intitulée Nicolas, Pascal Girard l’aurait fait en deux jours. Une retraite de deux jours qui aura pourtant de toute évidence été douloureuse. Deux jours à brider ses souvenirs, à se remémorer la maladie et la mort, les pleurs dans l’oreiller, la rage, la déroute, les fugues de l’esprit puis le retour flambant de la réalité… Facile? S’il a pu le faire en si peu de temps, c’est seulement la preuve de l’urgence du besoin qu’il avait de revenir sur son passé. Car c’est l’histoire d’une vie qu’il consigne dans ce livre.

En quelques lignes de texte, quelques traits de crayon, Girard présente des bribes de sa mémoire, retraçant la façon dont il a vécu la perte de son jeune frère. Onze ans avant les tours jumelles, c’est sa propre famille qui implosait alors que son frère, le petit Nicolas, décédait de l’acidose lactique.

La bédé de Girard n’est pas didactique, la référence à cette maladie étant relativement accessoire. C’est plutôt la complexité du deuil chez l’enfant, et l’écho de cette souffrance dans sa vie d’adulte, qui est au coeur du propos du bédéiste. Il montre avec une simplicité déconcertante comment le spectre du disparu ressurgit dans la mémoire des autres, qu’ils soient attentifs à sa douleur ou inconscients.

Avec sincérité, l’auteur retrace les moments clés de son vécu: de l’impassibilité de l’enfant trop jeune pour comprendre, en passant par la détresse sourde de l’adolescent, jusqu’à la peur du jeune adulte pour qui le désir de fonder une famille tient du cauchemar plutôt que du rêve. Une sincérité émouvante dans sa plus simple expression.

Pour bien profiter de sa lecture, il faut que chaque séquence, souvent d’une page ou deux – elles auraient d’ailleurs mérité d’être mieux délimitées -, soit lue sans précipitation, chacune étant l’amorce d’une incursion touchante dans un univers dramatique dont la teneur et l’envergure dépendent de l’implication du lecteur.

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Selon l’Association de l’acidose lactique, une personne sur 22, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, serait porteuse du gène de l’acidose lactique congénitale. La découverte en 2003 du gène en cause dans cette maladie a permis de développer un test de dépistage. Pour plus d’information sur les développements dans la recherche sur l’acidose lactique, consultez le site de l’Association: www.aal.qc.ca.
Pascal Girard, pascalgirard.blogspot.com.

Nicolas
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Pascal Girard
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