Lili Maxime : Quand la réalité dépasse la fiction
Lili Maxime n’aurait jamais osé faire vivre à ses personnages de la trilogie Ma chère Louisiane un ouragan de l’ampleur de Katrina. Mais la catastrophe est devenue un incontournable dans son oeuvre romanesque.
Plus d’un an après le passage de Katrina, la blessure de La Nouvelle-Orléans est loin d’être cicatrisée. Et dans le coeur de Lili Maxime, la douleur est encore vive. L’auteure, qui a vécu presque toute sa vingtaine en Louisiane, où elle effectuait des recherches sociologiques sur les Cadjins, est meurtrie. Comptant encore de nombreux amis là-bas, elle est retournée voir La Nouvelle-Orléans au printemps dernier. "Ce qui est terrible, c’est que le pays le plus riche au monde n’ait pas su avertir sa population à temps", s’insurge la lauréate du prix France-Acadie pour le premier tome de sa trilogie. "La ville qui a créé le jazz n’est plus qu’une ville fantôme! […] La population noire, on ne sait plus où elle est."
À son retour de Louisiane, Lili n’a pas été capable d’écrire une traître ligne. "La réalité m’a rattrapée très fort, confie-t-elle. Tout juillet, je me suis demandé: comment je fais?" L’écrivaine et chanteuse est même venue à douter de la pertinence de poursuivre son travail. Jusqu’au moment où ses personnages, David, Hélène, Margaret, lui ont soufflé que c’était à ce moment précis qu’ils avaient besoin d’elle. "C’est là qu’ils prennent toute leur consistance."
L’auteure s’est donc astreinte à réécrire les derniers chapitres de son livre. Les personnages d’Un dernier Mardi gras se retrouveront confrontés à Katrina. Lili Maxime a même décidé d’écrire un quatrième tome, dont le titre est déjà trouvé: Le Blues du bayou. "Mon hypothèse, c’est que ça prendra au moins une décennie avant que La Nouvelle-Orléans renaisse de son inondation, de son naufrage." Dans la suite de sa saga, c’est la nouvelle génération des personnages de Lili, l’ingénieur Miguel et la chanteuse Crystal en tête, qui portera la reconstruction de La Nouvelle-Orléans. "C’est la musique qui va faire renaître la ville", prévoit la romancière et sociologue de formation.
Déjà, dans le troisième tome, la musique fait presque figure de personnage principal. C’est que Crystal, la fille de David LeBlanc et de la Houma Margaret Collin, s’est donné pour mission de garder vivantes les cultures francophones des Cadjins et des Houmas par la musique. "Il y a un prolongement naturel du rural vers l’urbain et d’une Louisiane archicontemporaine", constate Lili Maxime, qui a remis en mains propres 250 $ de la vente de ses livres et d’un disque de musique louisianaise à Zachary Richard pour les sinistrés de Katrina.
Un dernier Mardi gras de Lili Maxime
Éd. La Grande Marée, 620 p.
Lancement
Le 18 décembre à 17h
Au bar Loubards
Séance de signature
Le 20 décembre à 18h
À la Biblairie GGC (1567, rue King Ouest)