Les Éditions Fides : Au nom du père
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Les Éditions Fides : Au nom du père

Les Éditions Fides consacrent deux ouvrages aux congrégations religieuses qui ont marqué l’histoire du Québec. Ouvrages nécessaires en cette année commémorant l’arrivée des premiers Sulpiciens à Montréal.

Débarqués en 1657 sur l’île dont ils allaient devenir les seigneurs, les Sulpiciens célèbrent cette année le 350e anniversaire de leur installation en Amérique. C’était l’occasion d’offrir au public le plus important ouvrage de référence dédié à l’oeuvre de cette compagnie de prêtres toujours active en sol montréalais.

Désirant laisser une trace mais honorant leur mot d’ordre de "servir Dieu sans faire de bruit", ils en ont confié la rédaction à trois historiens laïques de l’Université de Montréal: Dominique Deslandres, John A. Dickinson et Ollivier Hubert. Avec leur équipe de chercheurs, ceux-ci ont joui d’un libre accès aux archives des Sulpiciens, parmi les plus anciennes au Canada.

Présentés par les historiens comme des hommes de pouvoir pragmatiques et discrets, ceux qu’on appelle les "Messieurs" ont pleinement contribué à la construction d’une grande cité catholique par leurs diverses activités de prédication, de charité publique, d’éducation et de formation des prêtres. Rappelons également que, par leur statut de seigneurs de Montréal de 1663 à 1840, ils ont non seulement façonné la géographie de l’île mais aussi l’espace métropolitain lui-même, son urbanisme, son réseau de voirie, son architecture et ses toponymes portant aujourd’hui encore leur empreinte.

Les Sulpiciens de Montréal. Une histoire de pouvoir et de discrétion (1657-2007) n’occulte en rien les périodes de crise traversées par la compagnie: conflits avec la congrégation Saint-Sulpice de Paris, rivalité avec les premiers évêques de Montréal, déboires financiers dans les années 1920-1930, rupture des années 1960 entre la population montréalaise et son clergé. L’ouvrage montrera donc comment, au gré de ces bouleversements, les Sulpiciens sont parvenus à préserver leurs missions et leur identité et s’appuyant sur diverses stratégies culturelles (dont la fameuse Bibliothèque Saint-Sulpice).

Notons que, dès le premier contact, le lecteur est ravi par ce volume qui bénéficie du professionnalisme et des généreux moyens de la maison Fides, notamment par la mise en valeur du travail iconographique de Jacques Des Rochers, conservateur au Musée des beaux-arts. Parcourir un tel livre consacré à l’un des plus importants ordres religieux de Montréal, c’est en apprendre davantage sur la fondation et le premier développement de la métropole. On appréciera l’approche des auteurs qui, pour traiter cet objet d’étude, évitent à la fois toute tendance apologétique et toute grille d’analyse à la mode.

DES FEMMES VOILEES

La monographie confectionnée par la journaliste Anne-Marie Sicotte prend plutôt la forme d’un (fort bel) album consacré aux religieuses. On sait le rôle essentiel que celles-ci ont joué dans le développement de la société québécoise jusqu’à la laïcisation de la santé et de l’éducation durant la Révolution tranquille. En 1961, elles comptaient sur des effectifs de plus de 45 000 âmes réparties dans une centaine de communautés, oeuvrant pour la plupart dans les écoles et les hôpitaux, mais également auprès des personnes âgées, des handicapés, des filles-mères et des sans-abri.

Composé d’impressionnantes photographies en noir et blanc évoquant la vie de ces "ouvrières du Seigneur" tant en milieu urbain que rural, dans leurs tâches quotidiennes et dans les moments marquants de leur profession, Femmes de lumière fait également oeuvre de mémoire. Parfois étonnamment à l’aise devant l’objectif de l’appareil photo, affichant des sourires épanouis malgré l’uniforme austère qui dissimulait soigneusement leur corps, ces femmes nous poussent à nous questionner sur l’absence de liberté que l’on a longtemps cru qu’elles subissaient. À une époque où la société québécoise s’interroge sur la présence croissante de femmes voilées de confession musulmane, elles nous rappellent par ailleurs que les voiles et les cornettes ont longtemps fait partie du paysage local.

Les Sulpiciens de Montréal. Une histoire de pouvoir et de discrétion (1657-2007)
sous la direction de Dominique Deslandres, John A. Dickinson et Ollivier Hubert
Éd. Fides, 2007, 670 p.

Femmes de lumière. Les Religieuses québécoises avant la Révolution tranquille
d’Anne-Marie Sicotte
Éd. Fides, 2007, 192 p.

Les Sulpiciens de Montréal. Une histoire de pouvoir et de discrétion (1657-2007)
Les Sulpiciens de Montréal. Une histoire de pouvoir et de discrétion (1657-2007)
Sous la direction de Dominique Deslandres, John A. Dickinson et Ollivier Hubert
Fides