La revue Estuaire : Réfugiés poétiques
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La revue Estuaire : Réfugiés poétiques

La revue Estuaire propose un intrigant doublé: "Porteurs d’Orient", deux numéros simultanés consacrés à l’univers oriental et ses échos chez nos écrivains. Entretien avec son directeur, Jean-Éric Riopel.

Ça fait du bien. Ça fait un bien fou de voir et d’entendre l’Orient à travers une autre lunette que le journal télévisé. En lançant une invitation à des poètes, écrivains et dramaturges venant d’Orient ou l’ayant fréquenté, la direction d’Estuaire donne à chacun l’occasion de dire ce que cette partie du monde a laissé d’indélébile en lui ou en elle.

C’est le poète José Acquelin qui a préparé ces numéros "Porteurs d’Orient", formulant le souhait que ces derniers nous entraînent "autant vers la démystification que vers les merveilleux". Le directeur d’Estuaire Jean-Éric Riopel, particulièrement fier de ce projet, a répondu à quelques-unes de nos questions.

Belle idée que ces numéros consacrés, au sens très large, à l’Orient. Quelles motivations, quelles intuitions y ont conduit? Le contexte politique mondial y est-il pour beaucoup?

"La première considération fut certainement l’intérêt de José Acquelin pour la poésie arabe et chinoise; influences partagées par de nombreux poètes francophones. Mais plutôt que de circonscrire notre projet au Moyen-Orient ou en Asie, nous avons décidé d’élargir notre horizon à une vision transcontinentale de l’Orient qui rend mieux compte de l’interpénétration des cultures. Ensuite, il nous est apparu que l’Orient que nous avions sous les yeux était suffisamment riche et original pour que nous l’explorions à partir de Montréal."

Les auteurs ici regroupés sont tous "porteurs d’Orient", d’une façon ou d’une autre. Comment les avez-vous approchés? Quelles "directives", s’il y a lieu, ont-ils reçues?

"José a tout simplement demandé aux auteurs (parmi eux, François Charron, André Duhaime, Monique Juteau, Naïm Kattan, Olivier Kemeid, Nadine Ltaif, Jean Marcel, Danny Plourde, Hossein Sharang, Larry Tremblay ou Yolande Villemaire) en quoi ils étaient "porteurs d’Orient" ou portés par l’Orient, et de l’exprimer par l’expérience du langage poétique. Au final, nous pouvons suivre 21 trajets: retours aux origines, voyages, quêtes, imprégnations, apprentissages, rencontres et chants d’exil; de la Syrie jusqu’en Corée."

Évidemment, les États-Unis et tout l’Occident transparaissent dans les textes. Qu’est-ce qu’un tel exercice peut apporter au lecteur, entre "démystification et merveilleux", dans sa compréhension de ce qu’est l’Orient, physique comme imaginaire?

"Les poèmes démystifient le monde en ajoutant de la profondeur à l’image qu’on s’en fait. C’est inévitable de retrouver des traces occidentales. Par ailleurs, l’Orient et certaines de ses traditions sont sans doute plus près qu’on le pense de nos vies quotidiennes et de notre culture. On peut le constater en lisant les auteurs réunis pour l’occasion, qui ont tous déjà publié au Québec."

Que retient le comité de rédaction d’Estuaire de toute cette aventure? Y a-t-il d’autres projets de même nature dans l’air?

"Nous sommes emballés par la qualité et la diversité des textes qui nous sont parvenus. C’est toujours grisant d’avoir des surprises et de voir comment les auteurs répondent à nos invitations. Cette fois-ci, le travail graphique soigné de Maxime Doucet met en valeur des oeuvres de Khosro Berahmandi pour illustrer nos couvertures. Du côté de l’étranger, un dossier sur la poésie flamande, néerlandaise et afrikaner est en préparation."

Estuaire – Le poème en revue
"Porteurs d’Orient" 1 et 2 (nos 127 et 128)
2007, 84 p. chacun

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AUX SOURCES D’ESTUAIRE

Fondée en 1976 par Claude Fleury, Pauline Geoffrion, Jean-Pierre Guay, Pierre Morency et Jean Royer, la revue Estuaire est la plus ancienne revue francophone du pays entièrement consacrée à la poésie. Vouée à la création, mais aussi à la réflexion et à la recherche, elle favorise l’émergence et le soutien de nouvelles voix autant que celles de poètes reconnus, en plus de ménager un lieu de rencontre avec des poètes étrangers. www.estuaire.ca

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Jean-Éric Riopel, directeur