Ian Rankin : Effets secondaires
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Ian Rankin : Effets secondaires

Ian Rankin fait paraître une autre des grandes enquêtes dont il a le secret, qui met en cause, cette fois, une multinationale des produits chimiques.

Publié en Angleterre sous le pseudonyme de Jack Harvey, c’est sous le vrai nom de l’auteur que Traques paraît en traduction française. Un très bon Ian Rankin, vraiment, le lecteur en est convaincu au bout d’une douzaine de pages à peine. Ensuite, difficile de laisser tomber le livre avant de connaître le fin mot de l’histoire de Gordon Reeve, un ancien militaire d’élite qui débusque malgré lui un complot mettant en péril la santé de l’humanité entière.

Reeve – non, il ne s’agit pas d’une enquête de l’inspecteur Rebus, personnage central de l’oeuvre de Rankin -, ancien SAS reconverti en organisateur de week-ends d’initiation à la survie, s’est promis mille fois de ne plus s’engager dans autre chose que des missions de pacotille. Pour le reste, il a donné, comme on l’apprendra lors de quelques flashs-back en cours de récit.

Ça, c’était avant la mort mystérieuse de Jim, ce frère dont il n’a jamais été très proche, mais dont il doute rapidement qu’il se soit suicidé, tel que le rapport de police l’établit. Reeve n’aime pas quitter sa petite île au large de l’Écosse, mais il doit bien se rendre à San Diego, où le drame a eu lieu, ne serait-ce que pour y récupérer le corps de Jim. Et peut-être vérifier une chose ou deux. Jim, journaliste d’enquête brillant mais alcoolique au dernier degré, qui avait la fâcheuse habitude de scruter les activités de personnages suffisamment puissants pour ne pas être inquiétés…

REMONTER LA PISTE

À partir de menus indices, l’attitude louche de l’inspecteur californien chargé de l’affaire, entre autres, Reeve comprend peu à peu que certaines personnes avaient tout intérêt à ce que Jim disparaisse. En effet, celui-ci avait découvert des façons de faire plus que discutables du côté de la Co-World Chemicals, richissime entreprise spécialisée dans la production de produits chimiques, des engrais par exemple. Incapable d’accepter le grand flou entourant la disparition de Jim, d’abord, et ensuite inquiété par ce que ce dernier semblait sur le point de publier – à la Co-World, on a une définition toute relative de la santé publique -, Reeve mène enquête à sa façon, renouant avec ses vieilles tactiques, ce qui l’amène à croiser la route de Jay, vétéran comme lui d’une guerre où leur complicité s’était muée en rivalité profonde.

Ian Rankin a décidément ce doigté qui fait les grands auteurs de roman policier. De la charpente générale aux plus petits détails de l’intrigue, de la psychologie des personnages, jamais tout noirs ou tout blancs, à la description ultra-documentée des milieux dans lesquels s’enracine l’action, rien n’est laissé au hasard; Rankin tisse une trame qui respire la vraie vie, ses paradoxes comme ses beautés. En l’occurrence, impossible de rester insensible à la réconciliation "posthume" de ces deux frères, qui n’ont jamais été aussi proches que depuis la mort de l’un.

Un très bon Ian Rankin, vraiment.

Traques
de Ian Rankin
Éd. du Masque, 2007, 432 p.

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