Marie-Julie Gagnon : Voir ailleurs si j'y suis
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Marie-Julie Gagnon : Voir ailleurs si j’y suis

Marie-Julie Gagnon adresse à qui le veut bien quelques Cartes postales d’Asie, instantanés témoignant de plusieurs séjours sous les latitudes asiatiques.

"J’avais presque oublié ce qu’était la vie sans date de tombée, sans comptes à rendre, sans performance à livrer. Il me reste maintenant à savoir qui est cette workaholique en rémission."

L’essentiel du projet de Marie-Julie Gagnon tient dans ces quelques mots, tirés de ses Cartes postales d’Asie. L’envie de vivre à un autre rythme, un rythme impensable quand on habite et travaille au coeur de Montréal, où l’on chronique, entre autres, dans une émission de télé quotidienne (en l’occurrence La Revanche des NerdZ, vous vous souvenez?). Mais aussi le désir d’apprendre qui d’autre se cache en nous, et que les impératifs du quotidien empêchent le plus souvent de se manifester.

En 2001, Marie-Julie Gagnon plie bagages, donc, histoire de joindre les rangs de ceux qui "font de leurs rêves leur réalité". L’attendent Tokyo, Bangkok, le Laos, Singapour et, plus tard, Taïwan, où elle enseignera l’anglais à des ados. À chaque escale: rencontres, étonnements, frayeurs et ivresses devant l’inconnu.

On est loin des carnets de voyage de Flaubert, vous l’aurez compris, mais la plume est vive, allergique aux fioritures, et Marie-Julie Gagnon ne s’écarte jamais de son registre, donnant à lire une série de vignettes toujours amusantes, parfois émouvantes, faisant écho à ses petits et moins petits chocs culturels, aux amours nés du voyage, et surtout à ces amitiés soudaines que seul l’éloignement rend possibles, détachées de tout ce qui régit d’ordinaire les rapports humains: "Ici, nous choisissons de partager des bouts de vie avec les gens, contrairement au boulot ou à l’école. Tu m’emmerdes? Je n’ai qu’à ne plus te parler. Ça clique? Pourquoi ne pas passer la journée ensemble?"

Périodiquement, l’auteure de ces bouts de voyage "sous forme de courriel" repasse par Montréal, le temps de boucler deux ou trois piges et de préparer son prochain périple. Décidément, l’Asie l’aimante plus que tout.

Hormis quelques passages mal dégrossis ("Mon "détecteur de fifs" serait-il défecteux?", p. 86), l’ensemble se tient, se lit dans la bonne humeur, et rappellera très certainement de bons souvenirs à tous ceux qui sont déjà partis sur les routes sandales aux pieds, sac au dos, les yeux tendus vers l’horizon…

Pour en savoir plus: www.cartespostalesdasie.com.

Cartes postales d’Asie
de Marie-Julie Gagnon
Éd. Mémoire d’encrier, 2007, 168 p.

Cartes postales d'Asie
Cartes postales d’Asie
Marie-Julie Gagnon
Mémoire d’encrier