Daniel Roy : Maudit bonheur
Le poète Daniel Roy lance un nouveau recueil, Maudit poète maudit, six ans après la publication de son dernier, Liens atemporels.
Daniel Roy joue avec la langue française avec un plaisir manifeste. Son nouveau recueil, Maudit poète maudit, est truffé de jeux de mots et d’expressions inventées ou raboutées. Pour le poète, qui compose même sur son vélo, "la vie est si courtepointe" qu’il en "profitérole"! "J’aime pouvoir inventer des mots et les accorder comme je le veux. C’est comme ça qu’une langue évolue", observe-t-il, attablé devant un café devenu froid avant qu’il n’y trempe les lèvres.
Il faut le voir et l’entendre répéter "Politkovskaïa", simplement fasciné par la sonorité du nom de cette journaliste russe assassinée, qui lui a inspiré le texte Tes cheveux loin des bombes. "Cette femme-là, elle m’a interpellé. C’est comme si elle me disait: "Écris pour moi ce que je ne peux conter.""
Le thème de la guerre revient à quelques reprises dans le recueil. Enseignant au Centre Saint-Michel, Daniel Roy côtoie des étudiants qui ont dû fuir leur pays de crainte d’y laisser leur peau. "Chaque personne, chaque objet, chaque regard, chaque mot est important", observe-t-il. Il ajoute même que son plus beau poème, ce sont les noms énumérés dans ses remerciements. "Chaque personne, son nom est une richesse. Il porte une existence, une vie."
Écrits sur une période de six ans, les poèmes sont nés de toutes sortes d’événements, comme la controverse entourant la vente du mont Orford ou le voyage à Paris qu’il a fait avec son fils. Sages, intrigants, heureux, courts, longs, tristes ou érotiques, les poèmes défilent comme autant de fenêtres sur l’existence.
Pourtant, ce recueil, qui fait suite à une quinzaine d’autres avant, aurait pu ne jamais voir le jour. "Je ne savais plus si je voulais publier", avoue celui qui l’a toujours fait à compte d’auteur. Finalement, sa fille Camille l’a convaincu en lui disant: "Écris pour toi!" C’est d’ailleurs elle qui a dessiné le visage ornant la couverture du recueil et qui signe les premières paroles du livre: "Les rêves les plus cruels sont les plus industriels."
Même s’il ressent un trac à l’idée de laisser s’envoler son recueil, l’homme dit avoir repris confiance en sa poésie. "Ce livre, il me fait rire et pleurer en plus de m’émerveiller devant la beauté du monde. J’ai atteint mon objectif de me toucher moi-même. Il y a tellement de vérité là-dedans!"
D’ici au lancement, le poète se rendra à Paris, où il a été invité à participer au premier Festival international de la poésie. L’événement réunit quelque 150 écrivains des cinq continents, tous "libres, indépendants et engagés", dixit Daniel Roy. Pour en savoir plus et pour se procurer son livre, bientôt disponible en librairie, on peut visiter son site Web: www.roydaniel.com.
Lancement le 10 octobre à 17h
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