FIL : Les nourritures littéraires
Il y a de tout au FIL, de la lecture pure à la performance spectaculaire, en passant par la chanson ou la théâtralisation d’un texte… Rencontre avec la porte-parole, Chrystine Brouillet.
Que l’on plonge dans la Soupe de Kafka ou que l’on mêle les sandwichs à la poésie, tous les efforts sont déployés au FIL pour que chaque genre trouve son public, mais mieux encore, qu’il l’élargisse. "Ça replace des poètes et des écrivains majeurs sur la place publique, c’est donc capital qu’un festival comme ça existe", nous dit la porte-parole et romancière Chrystine Brouillet qui s’estime heureuse que ce soit un succès populaire plutôt qu’il s’agisse d’un événement réservé aux écrivains. Le festival s’adresse donc à tous ceux qui aiment les livres, peu importe le milieu dans lequel ils oeuvrent: "Moi, je m’intéresse à la science, pourquoi d’autres ne s’intéresseraient-ils pas à la littérature?" questionne-t-elle.
S’il s’agit de sa quatrième année comme porte-parole, Chrystine Brouillet a participé à toutes les cuvées du festival créé il y a treize ans déjà. "Je pense que le festival gagne des points chaque année dans sa volonté de présenter une diversité, qu’il y a toujours un effort pour rejoindre plusieurs publics, de tous horizons, de tous âges (les enfants ne sont pas oubliés!). C’est sa richesse de toujours conserver cette direction où on mêle les formes d’art et les approches, passant du classicisme extrême à l’archimodernité. Grâce à tout ça, c’est un festival où il y a plein de monde et où on s’amuse, où l’écrivain n’est pas dans sa tour d’ivoire et où le livre est réellement vivant."
Chrystine Brouillet aime particulièrement l’intention du festival d’associer d’autres formes d’art à la littérature: "Comme on écrit seul, je trouve formidable d’aller à la rencontre du cinéma, de la danse ou des arts visuels. J’ai même déjà chanté au festival!"
BRASSER LA CAGE
Selon la porte-parole, un des points positifs du FIL réside dans le fait qu’il dépoussière des idées reçues. Un exemple? Les récitals de poésie: "Les gens souvent croient que nous sommes assis en rang à écouter un poète déclamer, alors qu’on a seulement à assister au spectacle de Loui Mauffette, Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, pour voir qu’une lecture de poésie peut se transformer en spectacle complètement délirant! Donc, toutes les idées qu’on a se font brasser la cage, et je trouve ça sain, comme je trouve sain de présenter les différentes tendances. Avec Jean-Louis Trintignant, on a droit au classicisme, comme avec Alexis Martin et sa lecture de Guerre et Paix, mais à côté, on a Tristan Malavoy ou Mara Tremblay qui présentent les choses autrement." Au festival, on ouvre donc les horizons tant du public que des créateurs en mettant en contact ces différentes lignes directrices, ces différentes approches de la littérature.
"C’est un magnifique patchwork, et si je sais bien que j’écris peu pendant l’événement, tout le reste de l’année, je me nourris de ce j’ai pu voir et découvrir pendant ces huit jours!"
Au bout du FIL: une courtepointe des tendances
Parce que le festival est maintenant suffisamment costaud pour se faire compétition à lui-même, assister au FIL, c’est faire des choix! Au-delà de la diversité des genres, il y a les manières de présenter les oeuvres, qui risquent fort de piquer notre curiosité et de guider nos pas…
Difficile de ne pas être intrigué par la mise en lecture, dirigée par Olivier Kemeid, du roman d’Hervé Bouchard, Parents et amis sont invités à y assister, où pas moins de 15 comédiens et comédiennes se retrouveront sur scène. Petits fantômes mélancoliques, qui marie la prose de Louise Bombardier à une chorégraphie de Louise Bédard avec, en filigrane, le monde des enfants autistes, risque aussi d’être passionnant. Vous ne connaissez pas Jacques Roumain? Moi non plus. Voici une belle occasion de faire la découverte des textes de cet auteur que l’on qualifie de culte, né en 1907 à Port-au-Prince et décédé à seulement 37 ans. D’après une idée originale de Rodney Saint-Éloi, les écrivains Stanley Péan et Dany Laferrière, entre autres, se joindront à la comédienne Pascale Montpetit comme à d’autres artistes, musiciens, chanteuses ou danseuses, pour rendre hommage à cet homme qui a été emprisonné pour ses écrits polémiques. Et loin d’être oubliée, la poésie se retrouve tant au spectacle Quai no 5, avec Fredric Gary Comeau, Stéphanie Lapointe, Yann Perreau et d’autres, au spectacle Poésie, sandwichs…, dans les 5 à souhaits du Cabaret des terrasses Saint-Sulpice – qui connaissent un public fidèle depuis la création du festival – qu’en allant voir du côté de la relève avec Dépaysages, où les finissants en création littéraire du Cégep du Vieux-Montréal seront à l’honneur.