François Gravel : Détournement de genre
Avec une cinquantaine de livres à son actif, François Gravel a su charmer autant les enfants que les adultes.
Des projets plein la tête et plein le tiroir, François Gravel est bien loin d’avoir dit son dernier mot. Il faut dire que son roman Vous êtes ici, publié il y a à peine quelques semaines, suscite la curiosité. Désirant explorer un genre souvent soumis à certaines contraintes bien précises, l’auteur a trouvé un moyen pour le moins original de les contourner: "J’aime lire des romans policiers de temps en temps mais je n’aime pas les crimes, les meurtres, le sang ou les choses du genre. J’aime beaucoup les enquêteurs, les personnages, les équipes et l’ambiance, alors j’ai eu l’idée de faire ça dans un centre d’achats."
En situant l’action de son roman dans un tel type d’établissement, Gravel nous présente donc des personnages bien loin de Columbo: "C’est une équipe d’agents de sécurité qui enquêtent sur des choses comme des vols à l’étalage. C’est vraiment très mineur comme crimes ce qui se passe dans les centres d’achats, mais ce sont des enquêtes quand même."
Bien entendu, en plus d’être une incursion dans le monde de l’investigation, Vous êtes ici est une occasion rêvée de jeter un regard sur un aspect de notre société rarement rapporté dans la littérature: "Il y a aussi beaucoup de réflexions sur les personnes âgées qui n’ont pas de meilleurs endroits où aller. Il y a même des enfants qui sont abandonnés dans des centres d’achats pour des journées pédagogiques ou des vieux qu’on laisse là parce qu’on ne sait pas quoi faire avec." Toutefois, l’écrivain précise que l’exercice ne se veut pas moralisateur pour autant: "C’est jamais mon but de critiquer ou de dire aux gens quoi penser de quoi que ce soit, mais c’est bien évident que je ne peux pas faire autrement que de passer des réflexions ou de les faire passer par mes personnages. Alors comme ils sont dans un centre d’achats, ils doivent parler de consommation."
Comme l’auteur est maintenant un enseignant à la retraite et qu’un des personnages de son roman répond aux mêmes caractéristiques, on est en droit de se demander s’il ne s’agit pas ici d’une transposition de sa réalité: "Très curieusement, plus on s’éloigne de ce qu’on est, plus on se révèle. Si je fais des personnages qui sont des professeurs de cégep, je vais essayer de brouiller les pistes, évidemment, pour que les gens ne pensent pas que c’est moi. Si je fais un personnage qui est une femme de 20 ans, qui est très loin de moi, je vais me laisser aller plus facilement. C’est peut-être plus révélateur."
Bien qu’il ait apprécié toutes ces années à enseigner, François Gravel ne cache point son bonheur de pouvoir se consacrer entièrement à l’écriture. "Mon rêve, c’était de pouvoir écrire à temps plein et là, je le réalise. Au Québec, il n’y a pas grand monde qui est capable de vivre de sa plume… Maintenant, j’y arrive et je ne peux faire que ça ; c’est vraiment un luxe dont je profite à plein."
Dans le cadre du Salon du livre
Les 27, 28, 29 et 30 septembre
Au Centre des congrès de Jonquière
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