Stanley Péan : La noirceur de l'âme
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Stanley Péan : La noirceur de l’âme

Stanley Péan a tendance à mettre sur papier les pires travers de l’humanité. Son plus récent recueil de nouvelles, Autochtones de la nuit, ne fait pas exception.

Quand on lui fait remarquer que les 16 nouvelles rassemblées dans Autochtones de la nuit sont tout à fait déprimantes, Stanley Péan rigole: "C’est vrai que ce recueil est probablement mon plus sombre. Les gens sont souvent étonnés lorsqu’ils lisent mes histoires parce que dans la vie, je suis un bon vivant. C’est peut-être pour cette raison que j’aime autant m’amuser; pour exorciser le côté sombre et pessimiste présent en moi. Je voudrais avoir plus d’espoir en l’humanité. Il y a d’ailleurs quelques petites percées de lumière dans le recueil (Les Nuits les plus noires et Le Samedi soir, quand la tendresse en sont de bons exemples), mais c’est difficile, car on est capables des pires cruautés. Quand j’observe l’état du monde, je me demande comment être à la fois lucide et optimiste", soutient l’écrivain tout en soulignant l’évidence: "Quand on choisit d’écrire de la nouvelle et du roman noirs, difficile d’écrire des histoires hop la vie", s’exclame celui qui fête cette année 20 ans d’écriture. Autochtones de la nuit complète quant à lui la trilogie qui compte déjà les recueils La nuit démasque (2000) et Le Cabinet du Docteur K (2001).

Si Stanley Péan réussit fort bien à faire émerger la noirceur qui sommeille au plus profond de chacun de ses personnages, il parvient toujours à le faire avec une dose d’ironie suffisamment grande pour relativiser les choses. Dans Autochtones de la nuit, le meilleur exemple de cet humour noir sous-jacent est sans doute la nouvelle Le long et tortueux chemin qui mène à ta porte (traduction du titre de la chanson The Long and Winding Road that Leads to Your Door, des Beatles), une référence à l’impérissable conte Le Petit Chaperon rouge, en plus d’être inspiré d’un fait vécu par l’écrivain lors d’un voyage en autobus il y a une quinzaine d’années. Dans la nouvelle de Péan, la jeune fille qui s’en va chez sa grand-mère n’est pas seulement confrontée au grand méchant loup durant son périple dans les bois: il vit aussi avec sa grand-mère! Les lecteurs réaliseront également que cette histoire fait suite à la première nouvelle du recueil, intitulée Mal à l’âme.

Comme toujours dans l’oeuvre de l’écrivain et musicien, on trouve aussi dans chaque nouvelle d’innombrables références musicales. Le titre du recueil est d’ailleurs tiré de la chanson Black Trombone de Serge Gainsbourg: "J’ai toujours trouvé cette phrase remarquable. Comme si la nuit était un territoire et les autochtones, ceux qui y habitaient. Ça fait une vingtaine d’années que je travaille la nouvelle Autochtones de la nuit", dit l’auteur au sujet de l’histoire, qui sera aussi l’objet d’une lecture publique lors du spectacle littéraire multidisciplinaire organisé par les Productions Rhizome et présenté au Musée de la civilisation dans le cadre de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles 2007. Lors de la soirée, Stanley lira plusieurs nouvelles tirées d’Autochtones de la nuit, dont la nouvelle-titre, accompagné de la musique du guitariste Jonathan Bélanger et du percussionniste Steve Hamel, le tout illustré par les images du vidéaste Simon Dumas.

Le 5 octobre
Au Musée de la civilisation
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Autochtones de la nuit
Éd. de la courte échelle
2007, 240 p.

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Mario Bolduc, Patrick Sénécal, André Marois

Autochtones de la nuit
Autochtones de la nuit
Stanley Péan
La courte échelle