Salon du livre: Christian Mistral : Chaude était la nuit
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Salon du livre: Christian Mistral : Chaude était la nuit

Christian Mistral est de passage au Salon du livre de l’Estrie pour nous présenter Léon, Coco et Mulligan, un livre tendu comme un arc. Entretien avec un enfant terrible aujourd’hui plutôt bien dans ses baskets.

"J’aimerais assez que ça devienne LE roman du Carré Saint-Louis", me dit Christian Mistral en couvant des yeux son petit dernier. Moins sur le ton de l’ambition, faut-il préciser, que de l’attachement vrai qu’on peut éprouver pour un coin de sa ville; comme pour un pays, voire quelqu’un.

Pas l’ombre d’un doute: Christian Mistral est bien de retour! Et son voeu pourrait se réaliser, tant ledit Carré ne sera plus jamais fréquenté de la même façon par celui qui a lu le livre, comme on ne peut plus passer par certaines rues du Plateau sans avoir Michel Tremblay à l’esprit, entrer à la Binerie Mont-Royal sans penser au Matou de Beauchemin ou, dans une autre ville, traverser Limoilou sans chantonner du Sylvain Lelièvre.

Plus qu’un décor, donc, le Carré Saint-Louis constitue le personnage central de ce chassé-croisé de rêveurs avinés, au milieu duquel l’émouvant tandem formé par Léon et Coco, ces philosophes de la nuit et de l’anonymat, patauge dans les petites combines, les projets d’écriture et le rêve d’une vie moins grise. "Un peu comme, dans les romans de Zola, un objet inanimé ou un lieu devient presque vivant", convient le romancier.

Il fait bon retrouver l’écriture si précise de Mistral – plus précise que jamais, semble-t-il, plus économe en tout cas. Comme toujours, un certain lyrisme est au rendez-vous, une poésie même, mais l’ampoulé ou la fioriture n’ont leur place nulle part. "La brièveté, pour moi, c’est l’avenir du roman contemporain", avance même Christian Mistral, défendant l’attrait stylistique du concis, mais avançant aussi un argument inattendu: "Le bref a la cote pour des raisons aussi bêtes que celle-ci, par exemple: on ne met plus des romans longs aux programmes des cégeps ou des universités. Mon livre Vautour, qui compte à peu près 150 pages, y est constamment, alors que le fondement de mon travail, Vamp, n’y figure pas parce que trop volumineux; il représenterait trop de temps de lecture. C’est une bonne indication – on parle quand même d’étudiants en lettres – de la prédominance du bref de nos jours, pour des raisons bonnes ou moins bonnes." Concernant son plus récent titre, en tout cas, il n’y a pas d’inquiétude à avoir: si ce roman circule pendant longtemps, ce sera bien davantage pour la qualité de sa langue que porté par l’air du temps.

N’employons pas le mot serein, qui ne rimera jamais avec Mistral, mais le créateur d’aujourd’hui est à tout le moins beaucoup plus calme qu’en d’autres périodes… "Je ne suis plus le wonder kid que j’ai été à 23 ans; je suis pris au sérieux, trop à mon goût parfois, mais à 42 ans, j’ai du fun à être moi. You know what I mean? Je ne sais pas ce que ce sera dans 20 ans, mais là, aujourd’hui, j’ai du fun à être moi…"

Léon, Coco et Mulligan
de Christian Mistral
Éd. du Boréal, 2007, 152 p.

Salon du livre de l’Estrie
Du 11 au 14 octobre
À l’Édifice d’Expo-Sherbrooke
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