Lydie Salvayre : Portrait de l’écrivain en animal domestique
La romancière et psychiatre Lydie Salvayre, à qui l’on doit une quinzaine de livres dont Quelques conseils aux élèves huissiers (1997), part ici d’une idée prometteuse: orchestrer la rencontre des êtres les plus éloignés qui soient, l’écrivain et le businessman. Sa narratrice, qui a vécu un certain temps de ses droits d’auteurs mais qui n’a alors plus un rond, a en effet accepté un contrat bien particulier, celui de suivre à la trace Tobold, dit le roi du hamburger et richissime homme d’affaires, qui souhaite voir sa vie et son oeuvre faire l’objet d’un livre. Au-delà de l’aspect lucratif du marché, elle pense prendre un peu de bon temps et observer de près certaines facette du genre humain, mais elle s’enfonce peu à peu dans un univers d’apparat et de cruauté. On aime le sujet, occasion de réfléchir à des questions, telle «qu’advient-il sur le plan éthique lorsqu’un lettré se met au service d’un requin de la finance?», mais l’humour un peu forcé de certaines scènes, proche de la farce, et la frivolité qui se manifeste rapidement chez l’écrivaine sous contrat privent le roman d’une profondeur que ses matériaux initiaux laissaient espérer. Éd. du Seuil, 2007, 240 p.