Geneviève Blais : L’incident se répète
Les Poètes de brousse auraient-ils vieilli? Ce lieu, d’abord rattaché aux Intouchables, à la prédilection pour «le risque en poésie», semble avoir adouci quelque peu ses positions éditoriales, offrant parmi ses dernières parutions des oeuvres qui, bien que propres et inhabituellement tranquilles, apportent avant tout une parole habitée au lieu du risque qui n’est en rien garant d’une oeuvre de qualité. Parmi celles-ci, L’incident se répète, de Geneviève Blais, un ouvrage fort intéressant dans sa capacité de rendre une poésie de l’intime sans arpenter de lieux communs, à mille lieues du trash inconvenant longtemps préconisé par la maison. Débroussaillée donc que cette poésie au souffle haché, au rythme en syncopes et litanies lentes, concises, qui, de par une voix simple, reconstitue l’histoire d’êtres devant les départs, les échappées, les gouffres. Un très beau livre sur fond d’exil où des histoires se perdent, tombent dans les fossés, où des présences blessées prennent le train ou bien se trouvent avalées par la mer. «On supposera. Je penserai Nord, vaste et froide.» On tient là quelque chose. Éd. Poètes de brousse, 2007, 96 p.