Danny Plourde : Je est un autre
D’un même souffle, il écrit sur le pays, sur l’amour comme sur ses doutes intimes. Rencontre avec un jeune poète actif: Danny Plourde.
Il s’est illustré dans le film Un cri au bonheur, il fait partie de l’anthologie Les 100 plus beaux poèmes québécois (Fides) qui sera lancée au Salon, et bien qu’il vienne tout juste de faire paraître Calme aurore (l’Hexagone), Danny Plourde, né en 1981, parle déjà de clore sa pratique de la poésie: "J’ai presque terminé mon troisième recueil et je vais arrêter ensuite. Je ne veux pas me répéter et je désire me consacrer à la prose; je crois sincèrement qu’au terme du troisième, je serai arrivé au bout d’une démarche, d’une pratique, d’un certain imaginaire qu’il ne faut pas trop étirer."
Danny Plourde pense se consacrer à la nouvelle, un genre qui lui est cher depuis longtemps. "C’est aussi parce que la poésie est plus fougueuse et que là, j’ai envie de prendre mon temps. De toute façon, j’ai toujours eu un style assez narratif, je n’ai jamais eu peur d’exploiter la prose à l’intérieur de la poésie." D’après lui, l’inverse pourrait aussi se faire assez naturellement et son écriture basculerait ainsi dans la prose poétique. "Je veux essayer de changer le médium pour ne plus être pris avec le genre", ajoute celui dont le style peut rappeler un Yves Boisvert, tant par la forme que par le propos qui interroge le politique, le social et le collectif: "Dans le premier recueil – Vers quelque (sommes nombreux à être seul) -, j’avais évité le je, car je n’arrivais à m’identifier à aucune forme de nous. Et selon moi, il n’y a pas de nous possible sans je, donc il n’y aurait pas de je sans nous non plus."
S’il continue de jouer sur les instances d’énonciation différemment dans le nouveau recueil et que le prochain poursuit dans la recherche de stratégies discursives pour amener sa subjectivité autrement qu’en abusant du je, Plourde est un poète qui nomme concrètement, et souvent avec des expressions typiquement québécoises, les lieux et les situations locales: "La langue est un moyen de se réapproprier les choses; en nommant la ville, on se la réapproprie; en nommant la misère, on peut peut-être arriver à s’en défaire un peu…"
Calme aurore (s’unir ailleurs, du napalm plein l’oeil)
de Danny Plourde
Éd. de l’Hexagone, 2007, 112 p.
COUP DE COEUR
Théâtre de l’apesanteur, recueil aux longs vers rythmés du poète et médecin Philippe More (Poètes de brousse). "Pour son rapport au corps, son état, son stoïcisme."