Nadine Monfils : Pour le meilleur et pour le pire
L’auteure et scénariste Nadine Monfils présente au Salon du livre Babylone dream, un thriller dans les règles de l’art, à lire après avoir fermé la porte à double tour.
Tristan Malavoy-Racine
"Tous les livres me tombent des mains", confie Nadine Monfils, lectrice curieuse mais rarement satisfaite. Voilà sans doute pourquoi, selon l’adage voulant qu’on écrive toujours un peu le livre qu’on voudrait lire, la romancière belge signe des polars haletants, où le sang gicle et où un rebondissement n’attend pas l’autre.
Celle qui a créé le personnage du commissaire Léon, qu’elle a d’ailleurs porté à l’écran avec Madame Édouard, un film réalisé en 2004, raconte dans Babylone dream l’enquête entourant la mort de deux couples de jeunes mariés, mutilés et assassinés durant leur nuit de noces. Pour les policiers chargés de l’affaire, une telle démonstration de violence est un choc, et ne va pas les aider à y voir clair dans leur vie personnelle déjà passablement chaotique.
La mécanique de ses intrigues est si bien huilée, ses personnages si crédibles, qu’on est convaincu d’avoir affaire à l’une de ces auteures travaillant à partir d’un plan établi dans le menu détail. "Pas du tout, en fait! Je n’ai aucun plan, jamais", nous dit Nadine Monfils, rejointe à Montmartre, ce quartier où elle réside et qu’elle fait vivre dans son oeuvre. "Je ne comprends pas très bien comment ça se passe, d’ailleurs. Je m’installe pour écrire et ça vient, ça s’organise tout seul. Je reviens très rarement en arrière…"
La récipiendaire du prix Polar 2007 du Salon du polar de Cognac, l’une des récompenses les plus prestigieuses du domaine, a le thriller dans la peau, pas de doute, sans compter qu’elle fait confiance aux mots, qu’elle veut à l’état brut, saisissants. "Je n’aime pas les actions qui traînent. Je veux que le récit nous prenne, comme un ogre, et nous mène rapidement d’un tableau à l’autre. Comme au cinéma", ajoute cette grande admiratrice de David Lynch, dont elle goûte la façon de faire planer le mystère longtemps. "Ses films sont comme un tableau de Magritte: on peut les voir et les revoir en y trouvant toujours quelque chose de neuf."
Babylone dream
de Nadine Monfils
Éd. Belfond, 2007, 288 p.
COUP DE COEUR
Pieds nus, en smoking de Frédérique Traverso (Belfond). "Pas parce que c’est mon éditeur, mais parce que c’est le livre qui m’a redonné le goût de lire, perdu depuis longtemps. C’est à la fois caustique, drôle, trash et bien écrit. Tout ce que j’aime."