Joël Des Rosiers : Caïques

Des amandiers de la terre natale aux mélèzes du Canada, Joël Des Rosiers rassemble dans Caïques les impressions entremêlées des origines (Les Cayes, en Haïti) et des divers lieux de passage et d’exil, de l’Europe à l’Amérique. Envahie d’images fortes évoquant la touffeur des Caraïbes, sa poésie joue harmonieusement de l’homonymie (mère/mer), de l’anagramme («colère créole») et d’une onomastique («avec le nom que je porte/je n’ai de compte à rendre qu’aux fleurs») liée notamment à un hommage au père dont la mort est puissamment évoquée. Si l’écriture verse presque dans la prose dès qu’il s’agit de retracer l’histoire nationale ou personnelle, avec ses personnages quasi mythiques (Alix Olivier, Jean Kina, André Rigaud, Nicolas Mallet.), l’incroyable sensualité des rapports avec les femmes du pays ramène, en les unissant, la poésie des mots et celle des corps. Corps assemblés sur une simple natte de jonc qui semblent non pas narguer la mort, mais la rappeler ou l’appeler dans ce mouvement infini qu’est la vie. Éd. Triptyque, 2007, 128 p.