Après Soudain le Minotaure, premier roman audacieux qui opposait les voix complémentaires d’un violeur et de sa victime, Marie Hélène Poitras publiait en 2005 La Mort de Mignonne et autres histoires, recueil de nouvelles que l’on peut maintenant se procurer en format de poche. De sa passion pour les chevaux, l’écrivaine qui fut un temps conductrice de calèche dans le Vieux-Montréal tire le sujet de sa nouvelle-titre, consacrée à l’ultime randonnée d’une vieille jument dans les rues de la Métropole. Mais dans ce bestiaire clair-obscur que constitue le reste du livre, l’animal est surtout prétexte à parler des êtres humains, une baleine échouée sur la plage d’un petit village côtier pouvant par exemple servir de catalyseur pour redonner le sens perdu de la communauté à ses citoyens. Ce recueil contient en outre la fameuse «Lettre aux habitants de Rivière-Bleue», réponse que Poitras adressait à des villageois outrés par la mise en scène de leur patelin dans l’une de ses nouvelles: vibrant appel à la liberté de l’écrivain d’une voix fort prometteuse de la relève littéraire. Éd. Triptyque, 2007, 188 p.