François Magin : Fiction pulpeuse
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François Magin : Fiction pulpeuse

François Magin ne craint pas le mélange des genres: La Belle et le hautbois d’Armand est ni plus ni moins qu’un roman-film, quelque part entre le thriller et le récit coquin.

"D’abord, il m’est apparu évident que nous sommes ici en présence d’une véritable obsession du sexe: vedette du porno, noms suggestifs (Petite-Queue, Kleinschwanz), poireaux jouisseurs, etc. Même la poêle en fonte de Mamette a la forme d’un spermatozoïde qui, en s’incrustant dans l’oreille du Russe, donnera naissance à on ne sait trop quelle perversion! Et cette idée du hautbois, qu’est-ce sinon le rêve de tout homme de se tailler ses propres pipes?"

Vous croyez que je cite la critique d’un confrère un peu salace? Nenni. L’extrait est tiré de la "postface" de La Belle et le hautbois d’Armand, signée par un certain Eddi P. Lesphinxe, psychothérapeute. Ladite postface est par ailleurs précédée de "scènes coupées" et d’"entrevues avec les personnages", comme on en trouve en suppléments sur un DVD.

Vous l’aurez compris, nous voilà devant un bien drôle de roman, un livre "comme vous n’en avez jamais vu", nous prévient-on en quatrième de couverture. Manifestement, l’auteur a conçu le projet de nous embobiner, au propre comme au figuré, l’histoire ici racontée étant enchâssée dans un environnement cinématographique complètement flyé.

L’histoire principale est pourtant toute simple. En gros, la vedette du porno Désirée La Motte, de son vrai nom Nathalie Volange, s’est attiré bien des ennuis en se moquant de la taille des attributs d’un puissant banquier suisse. Ce dernier ayant mis à ses trousses des vilains de la mafia russe, Nathalie va croiser dans sa fuite Armand Goodman, un écrivain américain au bord du suicide. Celui-ci, qui reprend vite goût à la vie au contact de la belle, est prêt à tout pour la tirer d’embarras. Il sera aidé en cela par la pétillante Mamette, sa cuisinière.

François Magin, nom de plume pour un écrivain mystérieux, dont on apprend que "La Belle et le hautbois d’Armand n’est pas son premier roman", s’en est donné à coeur joie, présentant le déroulement de son histoire comme le tournage d’un film, avec détails techniques, interventions d’un traducteur – qui tombera amoureux de l’un des personnages! – et commentaires d’internautes en temps réel.

Que penser de cette fantaisie coquine et aventure stylistique, l’un des titres inaugurant la nouvelle collection "Texture" de HMH? Pour tout dire, on lit d’un trait La Belle et le hautbois d’Armand, ce qui n’est pas rien, mais on passe vite à autre chose après. Le récit est rythmé, le style vif et les digressions de l’auteur, habiles, mais l’exercice a quelque chose d’incomplet, les audaces structurelles n’apportant finalement pas grand-chose au récit premier.

La Belle et le hautbois d’Armand
de François Magin
Éd. Hurtubise HMH, coll. "Texture"
2007, 120 p.

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La Belle et le hautbois d'Armand
La Belle et le hautbois d’Armand
François Magin
Hurtubise HMH