Tassia Trifiatis : Judas
Dans la salle d’attente d’un hôpital de Montréal où elle se rend à la suite d’un avortement, Neffeli Lykourgos fait la rencontre de Yéhouda Leibovitz, jeune hassidique avec qui elle amorce une liaison interdite tandis que ses parents sont retournés en Grèce et que son fiancé soigne son père malade à Damas. Liaison empreinte de culpabilité et de faux-fuyants où chacun des deux amants trouvera avec l’autre une occasion de s’abandonner, mais aussi une matière à posséder, puis à trahir. Rappelant par moments L’Amant de Marguerite Duras dans l’expression d’un désir transgressif, le premier roman de Tassia Trifiatis annonce une carrière plus que prometteuse dans le monde des lettres. Malgré quelques tournures stylistiques et des motifs à la mode (multiculturalisme, couple interreligieux) et malgré un propos qui aurait gagné à être précisé, Judas fait preuve d’une habile maîtrise de la langue, le phrasé élégant de la jeune écrivaine épousant celui des corps enchantés et malmenés de ses personnages, de même que ses territoires réel et rêvé, du lieu de l’exil à la terre mythique des origines. Éd. Leméac, 2007, 142 p.