Bilan : Quelques chiffres et beaucoup de lettres
Livres

Bilan : Quelques chiffres et beaucoup de lettres

Sur la planète livres, 2007 aura été une année d’activité moyenne. Esquisse de bilan.

Après la faste année qu’avait été 2006 pour le livre d’ici, en raison du titre porté par Montréal de "capitale mondiale du livre", 2007 ne pouvait qu’être un peu plus calme. Pas de célébrations grandioses donc, mais une myriade d’événements souvent réussis et quelques livres qui auront la vie longue.

Il était à prévoir que la littérature fasse un peu écho à toute la réflexion identitaire qui anime depuis quelque temps le Québec. De façon indirecte, ceci dit, à travers des livres tels Ailleurs si j’y suis (Leméac), d’Aline Apostolska, autour des notions d’exil et d’ailleurs, mais qui est d’abord le témoignage d’une femme convalescente, qui a frôlé la mort. La jeune Tassia Trifiatis, elle, abordait les différences culturelles chez de jeunes amoureux, mais telles que vécues dans le registre de l’intime, dans un roman de passion et de déchirement, Judas (Leméac aussi, une maison qui, soit dit en passant, nous en a mis plein la vue cet automne).

Pendant ce temps, le recueil de nouvelles de Sylvain Trudel, La Mer de la Tranquillité, poursuivait sa course. Publié l’an dernier par Les Allusifs, il connaissait une percée réelle en France et était couronné, il y a peu, du Prix du Gouverneur général, catégorie "romans et nouvelles". Parlant des Allusifs, la dynamique petite maison dirigée par Brigitte Bouchard a fait au moins un autre bon coup, prenant de vitesse de grandes maisons parisiennes et obtenant les droits pour la francophonie du roman-phénomène Cochon d’Allemand, qui a propulsé son auteur, le Danois Knud Romer, parmi les auteurs qui comptent.

Après Les Bienveillantes de Jonathan Littell, qui raflait tout l’an dernier, il y a encore pas mal de choses à dire sur la Deuxième Guerre mondiale, faut-il croire. Sur la scène internationale, un autre titre phare de l’année a été Les Disparus (Flammarion), de l’États-Unien Daniel Mendelsohn, hommage à une partie de sa famille décimée par les nazis. Nous avons également eu droit à quelques fictions autour de grands personnages historiques, Staline par exemple, figure centrale du roman Une exécution ordinaire, de Marc Dugain (Gallimard).

Difficile de ne pas toucher un mot de l’OVNI Harry Potter et les reliques de la mort, dernier tome des aventures du petit magicien, dont la parution a causé un émoi planétaire. Nous apprenions récemment, sans surprise, qu’il s’agit du livre le plus vendu actuellement au Québec.

LANGUE VIVANTE

Les grands rendez-vous ont une fois encore réservé de beaux moments. Le 6e Festival Voix d’Amériques, en février, nous faisait découvrir de nouvelles facettes de l’immense Richard Desjardins, tandis qu’à Metropolis bleu, en avril, on célébrait l’auteure canadienne Margaret Atwood.

En septembre, le 13e Festival international de la littérature proposait l’une de ses plus belles moutures, marquée par la venue de Jean-Louis Trintignant – de passage à Montréal puis à Québec -, et en novembre, le 35e Salon du livre de Montréal était porté par un authentique esprit d’anniversaire.

Nous retiendrons aussi, parmi tellement d’autres choses, la lecture préparée par James Hyndman de L’Amant de Lady Chatterley, dans le cadre de la série Studio littéraire, et l’intense lecture-performance offerte il y a quelques jours au Coeur des sciences de l’UQÀM par le mathématicien et poète français Patrick Dubost, accompagné de son complice Vincent Dionne, compositeur de musique électroacoustique.

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FLIP/FLOP

FLIP /

Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent

En clôture du 13e Festival international de la littérature, en septembre, Loui Mauffette et ses nombreux amis du milieu théâtral montréalais nous présentaient un happening poétique échevelé, enivrant, propre à faire mentir tous les préjugés qu’on peut nourrir à l’égard d’un spectacle de poésie. Dans une Cinquième salle sens dessus dessous, les mots d’Arthur Rimbaud, Claude Gauvreau, Marie Uguay ou Patrice Desbiens n’avaient jamais volé aussi librement.

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Plagiat chez Michel Brûlé

En mars, nous étions consternés d’apprendre que Laura l’immortelle, un livre publié aux Intouchables par l’éditeur Michel Brûlé, était le fruit d’un plagiat éhonté. Marie-Pier Côté, une Québécoise de 12 ans, admettait en effet avoir recopié intégralement le texte d’un auteur français diffusé sur la Toile. Cette entreprise de plagiat avait de quoi choquer, mais sans doute pas autant que la réaction de l’éditeur, qui niait toute responsabilité dans l’affaire et réclamait même réparation auprès des parents de celle qu’il avait prise pour une romancière surdouée.