Rentrée livres – hors Québec : Chasse aux trésors
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Rentrée livres – hors Québec : Chasse aux trésors

Les tentations littéraires nous arrivent des quatre coins du monde. Quelques morceaux choisis.

Que penseraient les grands auteurs disparus de la très médiatisée publication de leurs textes inédits? On ne connaîtra jamais la réponse, mais on peut présumer que dans la plupart des cas, ils auraient préféré que les romans ou bribes de romans laissés dans les cartons y restent, dans les cartons. Or c’est plus fort que nous, quand on annonce comme en ce début de saison des parutions d’inédits de London, Moravia, Tolkien, on salive comme des gamins devant une vitrine de pâtisserie.

Dans le premier cas, l’affaire est particulièrement intéressante. C’est en préparant une biographie de l’auteur de Croc-Blanc, l’écrivain états-unien le plus lu et le mieux payé de son pays au début du 20e siècle – biographie qui paraîtra d’ailleurs début février, aux Éditions Tallandier -, que Jennifer Lesieur a découvert deux véritables inédits de Jack London (1876-1916). Le premier a été publié aux États-Unis en 1926, mais demeure inédit en français, tandis que le deuxième est rien de moins qu’un inédit mondial. Traduits par Jacques Tournier et rassemblés sous le titre Carnet du Trimard, il seront publiés par Tallandier le 23 janvier.

Dans le cas d’Alberto Moravia (1907-1990), il s’agit en fait de trois versions d’un même roman inachevé, découvertes dans la cave de l’appartement du grand écrivain italien, quelques années après sa mort. Ces ébauches passablement accomplies, regroupées sous le titre Les deux amis et présentées par Simone Casini, forment, étonnamment, une espèce de tout, un riche tableau de la Seconde Guerre mondiale et de l’après-guerre, présentant de jeunes communistes qui mêlent dangereusement passion politique et amoureuse. Traduit par René de Cecatty, le livre vient tout juste de paraître chez Flammarion.

Quant à l’inédit de l’auteur du Seigneur des Anneaux, il s’agit de la première parution posthume d’un de ses ouvrages depuis Silmarillion, en 1977. Publié chez Christian Bourgois, Les Enfants de Húrin est présenté comme un grand conte sur lequel J. R. R. Tolkien aurait travaillé toute sa vie, et dont son fils Christopher a patiemment recollé les morceaux. Un événement, il va sans dire. En librairie le 26 mars.

LE JOUR ET LA NUIT

Retour au présent, littérature francophone et traductions confondues. On surveillera d’abord Sur ma mère, un livre écrit par Tahar Ben Jelloun à partir du récit que lui a fait sa mère, victime de la maladie d’Alzheimer, de sa jeunesse au Maroc dans les années 30 et 40 (février, chez Gallimard). Chez le même éditeur, on attend Castor de guerre de Danièle Sallenave, qu’on dit être plus qu’une biographie, mais bien une rencontre avec Simone de Beauvoir, doublée d’une lecture critique de sa vie comme son oeuvre (février aussi). En mars, Gallimard nous présentera Les Années d’Annie Ernaux, sorte d’"autobiographie impersonnelle", Le Sec et l’Humide, un essai de Jonathan Littell sur Léon Degrelle, qui lui a inspiré le personnage de l’officier nazi Maximilien Aue, ainsi qu’Un léopard sur le garrot, un récit autobiographique de Jean-Christophe Rufin.

Autre temps fort en mars: la publication au Dilettante d’un nouveau Anna Gavalda, dont le titre nous est toujours inconnu. Chez Flammarion, Les Garçons, de Wesley Stace (février), et La Véritable Histoire du Petit Prince d’Alain Vircondelet, un portrait de Saint-Exupéry et de sa femme Consuelo, qui constitue par ailleurs la genèse, dit-on, de son chef-d’oeuvre (mars). Chez Viviane Hamy, on attend Le Faon de Magda Szabó (disparue en novembre dernier), un tableau de la société hongroise de l’entre-deux-guerres et des années 50 (février).

Chez Albin Michel, on récoltera entre autres, dès janvier, Rapt de nuit, un thriller de Patricia MacDonald, et La Tectonique des sentiments, texte de théâtre d’Éric-Emmanuel Schmitt. En février, on surveillera la traduction de Comme des loups, qui a mérité à son auteur, le Canadien Guy Vanderhaeghe, un Prix du Gouverneur général. En mars, ce sera au tour de Katherine Pancol avec La Valse des tortues.

Le populaire Philippe Besson est de la rentrée chez Julliard, avec Un homme accidentel (février), tandis que Robert Laffont annonce Les Enfants de l’Arche, de Martine Marie Muller, et Le Seigneur de Bombay, de Vikram Chandra, série d’existences croisées dans un Bombay sensuel et violent.

Les Éditions Stock proposeront en février le nouveau Michel Folco, intitulé Même le mal se fait bien, et Rêve d’amour, de Laurence Tardieu, pendant que JC Lattès compte particulièrement sur Danse d’une nuit d’été, de Maeve Binchy (janvier), et Partie de pêche au Yémen, une "parabole ironique" de l’Anglais Paul Torday (février). Enfin, on plongera sans hésiter dans la plus récente traduction de Jonathan Tropper, Perte et fracas (janvier, chez Fleuve Noir) et dans le nouveau Isabel Allende, Inès de mon âme (février, chez Grasset).

Quelques nuits d’insomnie en perspective?