Rentrée livres – Québec : Écrire le présent
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Rentrée livres – Québec : Écrire le présent

Si l’on en juge par ses parutions, le Québec s’intéresse à son histoire tout en s’ouvrant à tous les horizons et en étant à l’heure des voix féminines.

Dans la nouvelle et abondante fournée de nos éditeurs québécois, on remarquera une attirance pour le voyage, l’ailleurs et autres horizons lointains. Il semblerait qu’en général, les écrivains d’ici ressentent moins le besoin d’écrire le territoire que de repousser les limites des formes littéraires. Autre point commun chez nos marchands de livres? Beaucoup de voix féminines résolument modernes. Le Marchand de feuilles ouvre d’ailleurs le bal avec des auteures qui combinent bien la recherche formelle et l’ouverture sur d’autres espaces-temps, telles que Marie-Chantale Gariépy (Dredio), Jade Bérubé (Le Rire des poissons) ou Françoise de Luca (Vingt-quatre mille baisers).

Chez Québec Amérique, on notera un nouveau Josée Bilodeau, qui fait son entrée chez l’éditeur avec On aurait dit juillet, ainsi que Véronique Marcotte qui propose Tout m’accuse. Une nouvelle voix, Mélanie Gélinas, publiera Compter jusqu’à cent à la même enseigne, qui présente également le nouveau Jean-François Beauchemin, Ceci est mon corps, et Vandal Love ou Perdus en Amérique de D.Y. Béchard, jeune écrivain vivant à Boston, dans une traduction de Sylvie Nicolas. Aussi, des titres de Laurence Prud’homme, Pauline Gill et Michel Vézina.

Les Éditions Sémaphore nous feront découvrir Rachel Laverdure (Gloriole à vendre, prix révisé) et Les Herbes rouges poursuivent avec Michel Lefebvre qui, avec On va gagner!, reprend Les Aventures de Bertin Lespérance. Chez Libre Expression, au milieu des séries jeunesse, des traductions et des nombreux ouvrages pratiques, une saga historique de Suzanne Aubry, et des romans de Florence Nicole et de Claudine Douville. À Trois-Pistoles, c’est Victor-Lévy Beaulieu lui-même qui risque fort de défrayer les manchettes avec une énorme brique mettant en scène un Québécois naviguant vers la gloire malgré une fâcheuse habitude qui sévirait chez nous: dénigrer ceux qui réussissent!

PROSE ET COMBATS

Du côté des livres "engagés", Lux nous invite à voyager dans le temps en images avec Pour changer le monde: affiches et mouvements sociaux 1966-2007, et En lutte!, du regretté ex-felquiste Charles Gagnon. Alors que Mémoire d’encrier nous offre Amititau! Parlons-nous!, un recueil de correspondances littéraires entre auteurs amérindiens et québécois, d’autres nous transportent en Chine: c’est le cas de Felicia Mihali avec Sweet, Sweet China (XYZ) et de Zhimei Zhang et son Ma vie en rouge (VLB). Avec Sergio Kokis et Le Retour de Lorenzo Sanchez, on plonge dans les souvenirs d’Amérique du Sud et dans l’univers d’un peintre ex-militant communiste. Autre histoire de peintre en pleine crise existentielle que celle de Fulvio Caccia, qui propose Profanations – La frontière tatouée aux Éditions Triptyque, maison qui publie également Laurent Chabin et une nouvelle voix: Marie Lefebvre, qui signe Les Faux Départs. Autre jeune plume à surveiller, Martyne Rondeau et son Ravaler, qui publiera cette fois chez XYZ, près de Louise Dupré, qui revient avec L’Été funambule, un recueil de nouvelles portant sur des destins de femmes. Des nouvelles aussi pour Véronique Papineau qui, avec Emmanuel Kattan, se joint aux auteurs du Boréal, un éditeur qui frappe fort ce printemps avec des nouveautés de voix importantes comme Marie-Claire Blais, Louise Desjardins, Suzanne Jacob et Monique Proulx.

On est aussi curieux de lire chez VLB les livres d’Annie Dulong, d’Allen Côté ou de Claude Jasmin, qui présentera son 57e titre. Du côté de l’Hexagone, on découvrira la prose de Nicole Blouin, on lira les carnets de Paul Chamberland comme on replongera dans l’univers de Nicole Brossard, dont paraîtra une rétrospective couvrant 40 ans d’écriture. En poésie, le même éditeur publiera entre autres de nouveaux titres de Fernand Ouellette et de Michel Garneau. À lire aussi, L’Heure verte de Marilène Gill et Démolition de nuit de Julie Fauteux aux Herbes rouges. Louise Deschênes, qui publiait chez Trois, sortira un nouveau recueil chez Triptyque, pendant que Mona Latif-Gattas fera paraître son nouvel opus chez Mémoire d’encrier. Quant à Denise Brassard, c’est au Noroît qu’elle publiera son premier recueil depuis sept ans, aux côtés de Patrick Lafontaine, de Marcelle Roy et de Monique Deland. En attendant la programmation des Écrits des Forges, qui comprendra des traductions et de nouvelles voix, le Noroît propose une anthologie de poètes anglo-québécois préparée par Judith Thibault et fera connaître les plumes de Judy Quinn et d’Hector Ruiz. Pour ceux qui s’intéressent aux jeunes voix, il faudra aussi lire Un souffle actuel, une anthologie de jeunes poètes québécois (l’Hexagone).