À voir l’Europe d’aujourd’hui s’étaler de l’Atlantique aux plaines ukrainiennes, qui croirait que le pire conflit de l’histoire s’y est déroulé il y a à peine quelques décennies? Du châtiment des nazis à l’élargissement de l’Union, en passant par la reconstruction des années cinquante, la montée de la social-démocratie et l’effondrement de l’empire soviétique, Tony Judt retrace l’histoire récente d’un continent d’où a émergé toute la culture occidentale moderne. Proposant d’audacieuses analyses, postulant notamment que l’acceptation tardive de la responsabilité de chacun dans l’Holocauste a contribué à renforcer l’identité européenne, l’historien britannique rassemble dans son dernier ouvrage la somme de ses recherches sur les changements survenus dans la seconde moitié du 20e siècle, sans manquer de s’intéresser également à une certaine absence de changements. Doté de toute la rigueur d’une thèse universitaire, Après Guerre est un récit costaud et étonnamment vivant, qu’on se surprend à lire comme un véritable thriller. Trad. par Pierre-Emmanuel Dauzat, Éd. Armand Colin, 2007, 1024 p.