Lise Tremblay : La Soeur de Judith
Été mythique de 1968. Pendant que la soeur de son amie Judith gagne Montréal pour devenir danseuse à gogo, une jeune fille de onze ans observe le monde en pleine transformation qui l’entoure: émancipation des femmes, américanisation de la culture, religieuses troquant l’uniforme pour l’habit civil. De cette Révolution tranquille qui a métamorphosé le Québec, on se réjouit de lire cette description si différente des tableaux burlesques qu’offrait la littérature moderne dans sa volonté de rompre avec les traditions. Les blessures d’autrefois se sont cicatrisées, et, sans renoncer à toute forme d’ironie, Lise Tremblay propose aujourd’hui de porter un regard fin sur cette époque charnière. Sous la narration et le regard en apparence naïf de la préadolescente se cache ainsi celui de l’écrivaine mature dont le cinquième roman, sans doute le plus accompli de son oeuvre, est porté à la fois par un brin de folie et par un style d’une étonnante sobriété. Éd. du Boréal, 2007, 166 p.