Entre l’hiver de 1984 et celui de 1994, bien des choses ont changé à Sarajevo. Ville olympique scintillante, point de mire du monde entier, la capitale de la Bosnie-Herzégovine est, une décennie plus tard, au coeur d’une sanglante guerre civile. Poète et critique littéraire, Cyrille Martinez fait de cette ville éprouvée le décor de son premier roman, qui emprunte à la réalité historique tout en se permettant de la réécrire en partie, comme en témoigne d’emblée son titre. Il ne se permet pas que cela, d’ailleurs. En décrivant le quotidien de Nedim Hrbat, jeune poète bosniaque témoin des scènes violentes et absurdes qui balafrent sa ville, l’auteur fait constamment preuve d’audace. Écrit au tu, L’Enlèvement de Bill Clinton est porté par une langue inventive, une langue alourdie par de trop nombreuses galipettes stylistiques et une ponctuation effrontée, mais qui possède sa petite musique propre, et dont on a déjà hâte d’entendre les prochains coups de mitraille. Éd. L’instant même, 2008, 128 p.