Delaf et Dubuc : Plaisir aucunement coupable
Livres

Delaf et Dubuc : Plaisir aucunement coupable

Malgré ses personnages typés d’adolescentes, Les Liens de l’amitié, troisième tome des Nombrils de Delaf et Dubuc, confirme que cette BD évolue et ne s’adresse pas uniquement aux jeunes.

Avec plus de 160 000 copies vendues des deux premiers tomes de la bande dessinée Les Nombrils, publiée chez la mythique maison d’édition européenne Dupuis, on peut miser gros sur la pérennité de la série de Marc Delafontaine et Maryse Dubuc, alias Delaf et Dubuc, deux résidents des Cantons-de-l’Est. Petit indice du succès outre-mer qu’obtient cette BD made in Québec: elle fut nommée meilleur vendeur au célèbre Festival international de la bande dessinée d’Angoulême en 2007, dans la catégorie Tous publics. Leur secret? Offrir une lecture qui sait plaire aux 9 à 99 ans… comme Tintin, mais en plus bidonnant!

DOUBLE NIVEAU DE LECTURE

Au premier abord, il est possible de croire que la série Les Nombrils s’adresse uniquement aux jeunes, en raison du fait que les héroïnes sont des adolescentes avec les hormones dans le tapis. Or, il n’en est rien. ""Tous publics", ce n’est pas "jeunesse". Si ce n’était que pour les jeunes, il y a plein de trucs qu’on ne mettrait pas", explique Dubuc. Mais la collection "Tous publics" de Dupuis a une connotation jeunesse. "C’est pour ça qu’on ne pensait pas que Les Nombrils pourrait être dans cette collection. On n’aurait même pas osé l’envoyer là. On avait commencé ça dans la revue Safarir; c’était encore plus hard que c’est maintenant", ajoute-t-elle.

Avec quelques gags plutôt politically incorrect, il est vrai que cette série comporte des références que seuls les adultes peuvent comprendre. "C’est un peu ça qui a séduit les gens de Dupuis. Le projet n’était pas formaté. Si on avait voulu leur présenter quelque chose, j’ai l’impression qu’on se serait calmés, qu’on aurait été plus soft, mais en même temps, ce n’est pas ça qu’ils voulaient", au dire de Delaf. Les deux bédéistes ont donc toujours eu carte blanche de la part des éditions Dupuis. "On teste encore leurs limites, mais on ne les a pas trouvées, car ils ont tout accepté", souligne fièrement Dubuc.

ROMAN GRAPHIQUE

L’univers de la bande dessinée est chamboulé depuis quelques années par l’arrivée (et la popularité) du roman graphique. Plusieurs Québécois (Michel Rabagliati, Julie Doucet, Jimmy Beaulieu…) ont opté pour cette voie afin de faire leur place sur la planète BD. Est-ce que cette avenue tente nos deux "nombrilistes", qui sont dans le circuit de la BD cartonnée? "Ça nous plairait de développer une scène entre deux personnages sur 17 pages, répond Dubuc. Le roman graphique est idéal pour ça." Toutefois, on sent que Les Nombrils les comble amplement. "Ça reste une BD d’auteurs malgré tout", précise Delaf.

Ainsi, avec le succès des ventes et la liberté de création combinés à la "grosse machine" qu’est Dupuis, Delaf et Dubuc ont leur carte de membre d’un club très sélect en bande dessinée. Rares sont les Québécois qui vivent du neuvième art sans avoir à renier leur vision artistique.

Lancement en compagnie des auteurs
Le 27 mars de 17h à 19h
À la Biblairie GGC de Sherbrooke (1567, rue King Ouest)

À lire si vous aimez /
Monsieur Jean de Dupuy et Berberian, Les Formidables Aventures de Lapinot de Lewis Trondheim, le magazine Spirou

Les Liens de l'amitié (Les Nombrils, volume 3)
Les Liens de l’amitié (Les Nombrils, volume 3)
Delaf et Dubuc
Dupuis