Frédérick Durand : Coins sombres
Frédérick Durand, après avoir flirté avec la littérature jeunesse, le fantastique, le roman historique et la poésie, articule un suspense autour du plus vieux métier du monde.
Frédérick Durand sortait récemment de manière simultanée deux nouveaux bouquins chez deux maisons d’édition différentes: À l’intention des ombres (Vents d’Ouest), qui regroupe ses meilleures histoires courtes écrites entre 1992 et 2007, et Je hurle à la lune comme un chien sauvage (Coups de tête), un roman tissé serré.
Bien que le premier livre ne soit pas dénué d’intérêt, c’est surtout le deuxième qui retient notre attention, d’abord par la nature du projet, puis par son propos qui fonce tête première dans nos tabous (violence, prostitution masculine, partouze). À moins qu’il n’y ait un lien entre les deux ouvrages… Se pourrait-il que Je hurle à la lune… soit en fait une nouvelle qui ait eu besoin d’un peu plus d’espace pour s’épanouir? "Non, ça a été écrit spécialement pour l’éditeur. Coups de tête, c’est une maison d’édition qui a été lancée par Michel Vézina. Je trouvais son projet éditorial très intéressant: faire des romans brefs. Son idée, à la base, c’était de faire des projets qui pouvaient se lire pendant le trajet d’autobus de Québec à Montréal." Et de publier des romans avec un bon suspense, ce dont le bouquin de Durand ne manque pas.
Je hurle à la lune comme un chien sauvage fréquente des lieux inhabituels, sombres, marginaux. Il s’articule autour de Jacques Larivière, un prostitué mâle invité avec cinq autres collègues à participer à une orgie avec des gens importants dans un étrange manoir. Or, la petite partouze tourne mal… On se retrouve alors dans un univers à des kilomètres de celui de son auteur, qui enseigne au Collège Laflèche à Trois-Rivières. "Le personnage est très construit. Je me suis vraiment mis dans la tête de ce personnage-là, qui est très hargneux, très en colère. Derrière ça, il y a aussi un peu un côté roman social que j’ai trouvé amusant. Un de mes amis disait que c’était un roman noir marxiste, avec un sous-texte sur la lutte des classes."
Mais pourquoi avoir eu envie de nager dans ces zones d’ombre? "D’un roman à l’autre, ce n’est jamais la même chose. Avant ça, il y avait un roman historique, de la poésie, du roman jeunesse, du roman fantastique. Il faut s’arranger pour ne pas avoir une structure qu’on répète toujours. Et la meilleure façon de faire ça, pour moi, du moins en ce qui concerne le roman, c’est d’explorer des univers différents chaque fois. Il y a des auteurs qui vont raconter des histoires de romancier ou de prof de cégep. C’est correct de faire ça, mais à un moment donné, il faut essayer d’aller explorer autre chose que notre vie quotidienne", soutient Frédérick Durand.
Frédérick Durand sera au Salon du livre de Trois-Rivières pour des séances de signature le vendredi 4 avril de 19h à 20h et le samedi 5 avril de 16h à 17h30.
À l’intention des ombres
de Frédérick Durand
Vents d’Ouest, 2008, 207 p.
Je hurle à la lune comme un chien sauvage
de Frédérick Durand
Coups de tête, 2008, 96 p.
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