Jacques Languirand et Jean Proulx : Le Dieu cosmique: À la recherche du dieu d’Einstein
Pour Einstein, comme pour plusieurs autres scientifiques et philosophes depuis la Renaissance (Spinoza, Newton, Kant, Hegel, Leibniz, Sheldrake.), la démarche intellectuelle fondée sur la raison n’est pas nécessairement synonyme d’athéisme. La quête spirituelle de ces grands penseurs tient toutefois davantage d’une sorte de «religiosité naturelle», celle d’un «Dieu cosmique» qui, par son caractère individuel et universel, invite à remettre en question les mythes et les superstitions des religions officielles. Les lecteurs en quête de sens, déçus du nihilisme contemporain mais peu attirés par le carcan des Églises, se sentiront interpellés par les pensées réunies et confrontées ici par Jacques Languirand et Jean Proulx, prolongement d’une série radiophonique diffusée en 2006. Une synthèse érudite et instructive, permettant à chacun d’atteindre sa propre lumière. Le Jour éditeur, 2008, 282 p.
C’est au sujet d’un livre dont je fais la critique. Vous pouvez lire le texte en entier sur mon site. Il débute étrangement avec le pari de Blaise Pascal, scientifique et philosophe du XVII siècle :
Il faut nécessairement choisir…
Pesons le gain et la perte,
En prenant choix que Dieu est.
Estimons ces deux cas :
Si vous gagnez, vous gagnez tout;
Si vous perdez, vous ne perdez rien.
Gagez donc qu’il est, sans hésiter…
Dieu a laissé des signes,
mais vous les négligez.
Cherchez-les donc.
Pascal, pour ouvrir la voie vers un cosmos vivant, sensible et divin -holiste-, il faut le faire! Lui qui affectionnait la parabole du chêne et du roseau: le premier, étant à l’image d’un univers bête et frustre, et le second, d’un individu frêle mais pensant, d’une intelligence incomparablement supérieure. «Quand l’univers l’écraserait, écrit Pascal, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui. L’univers n’en sait rien. » Surtout, Pascal s’opposait à l’idée moderne de son temps, notamment à chercher dans la science un moyen de prouver Dieu. Il faut se rappeler l’indigence des humanistes en ce qui concernait la cosmologie. Ils en étaient encore à l’âge de pierre par rapport aux connaissances orientales.
Par cette citation liminaire, on se doute bien que l’on va recycler le discours de la vieille Europe de Descartes à Newton. Car c’est par la réalisation de ce dernier que la nouvelle conception dynamique du divin prendra forme. Autrement dit l’espace absolu de Newton, en opposition à celui de Descartes, constitue le fondement de ce que les savants tous azimuts s’imaginaient à l’époque d’une véritable cosmologie.