Patrick Senécal : Fais-moi peur!

Le Vide, Sur le seuil (adapté au cinéma en 2004 par Éric Tessier), 5150, rue des Ormes, Le Passager – pour ne nommer que ceux-là -, tous les romans de Patrick Senécal entretiennent des liens serrés avec l’horreur. On peut d’ailleurs se demander pourquoi l’auteur de Drummondville est l’invité d’honneur du Salon du livre de Trois-Rivières le samedi, journée habituellement réservée à la famille.

C’est que Senécal a publié aux Éditions de la bagnole Sept comme Setteur, un livre un peu plus gentil qu’à l’habitude. "Je me suis commis dans la littérature jeunesse. J’ai sorti un premier roman pour enfants au mois de septembre dernier. Et là, ça m’amène à faire des choses que je n’ai jamais faites, c’est-à-dire des petits ateliers pour les jeunes. J’ai bien du plaisir à faire ça. Je trouve que ça fait changement; ça m’éloigne un peu de ma noirceur habituelle." Croyant son imaginaire un peu trop morbide pour les 9 à 12 ans, le maître du thriller n’avait pourtant pas l’intention d’emprunter cette direction littéraire. Sept comme Setteur, "ça vient d’une demande de mes enfants, surtout de mon fils, qui est plus vieux et qui a donc appris à lire avant sa soeur. Il me demandait: "Pourquoi je ne peux pas lire tes romans, papa ?" Il était bien impressionné que son père écrive des romans et il voulait lire ça. Je lui répondais: "Un, Nathan, tu ne comprendrais pas. Deux, ce sont des sujets pour les grands." Alors, il m’a dit: "Pourquoi tu n’en écris pas un pour nous, pour Romy et moi?" Évidemment, quand ton enfant te demande ça, c’est beaucoup de brouhaha dans ton coeur. Tu ne peux pas refuser ça! C’est tellement cute: ton fils te demande de lui écrire une histoire…"

Sept comme Setteur s’aventure dans des zones peu confortables. Si le récit est dénué d’un trop-plein de violence, il donne tout de même quelques frissons dans le dos avec son père Noël un peu fou, son méchant lapin de Pâques et sa dangereuse fée des dents. En fait, Patrick Senécal a imaginé le roman qu’il aurait aimé lire lorsqu’il était enfant. "Ce que j’ai lu en premier, ce sont des bandes dessinées. Les courts romans me décevaient beaucoup. Les Amos Daragon et Harry Potter, ça n’existait pas quand j’étais petit. Il y en avait peut-être, des très bons romans pour jeunes, mais à Drummondville, je ne les trouvais pas (rires). Il se faisait des petits romans comme Le Club des cinq, qui, moi, m’ennuyaient profondément. Je trouvais ça bien terre à terre. Déjà, quand j’étais jeune, juste de rapporter la réalité, je trouvais ça ennuyant. J’aimais beaucoup aller plus loin, que ça soit plus grand que nature. Je ne trouvais pas ça dans les romans, mais je trouvais ça dans les bandes dessinées plus excessives. C’est peut-être pourquoi, quand j’ai écrit Sept comme Setteur, j’ai écrit le roman que j’aurais aimé lire quand j’étais petit."

LE VIDE

Tissé autour de la téléréalité, Le Vide, le plus récent bouquin pour adultes de Senécal, se révèle un véritable succès populaire. En plus d’être en nomination pour le Grand Prix littéraire Archambault (qui sera dévoilé le 23 avril), il a trouvé plus de 30 000 preneurs. "Et 30 000 exemplaires, c’est avant que le livre sorte en format poche; il se trouve dans les meilleurs vendeurs encore. Il faut être réaliste, on n’en vendra pas un autre 30 000, mais il y a un deuxième souffle qui embarque. Je suis un peu dépassé par ça, parce que ce n’est pas un livre très gentil. C’est une grosse claque sur la gueule à notre société; il confronte le lecteur en fait. C’est intéressant de voir que les gens peuvent lire quelque chose qui n’est pas nécessairement confortable. Pour un livre, c’est énorme 30 000, mais ce n’est rien si on compare ça à la population du Québec. Il faut être modeste dans tout ça… On est loin du deux millions de personnes qui écoutent la téléréalité!" commente l’auteur.

ÇA TOURNE!

Parlant de télévision, est-ce que d’autres de ses bouquins devraient se retrouver bientôt sur nos petits et grands écrans? "On va tourner deux films cet automne: 5150, rue des Ormes, pour lequel on a eu les subventions de la SODEC, et Les Sept Jours du Talion, même si pour une cinquième fois on se fait dire non par la SODEC et Téléfilm. On est en maudit, mais on va le faire… à plus petit budget! On veut le faire pareil parce qu’on veut leur montrer qu’ils ont tort de refuser de nous donner de l’argent. Ils ont peur de ce film-là. C’est un film trop subversif et, au Québec, on n’aime pas ça. Ils ont pensé que s’ils nous disaient non, on se découragerait, mais on a une petite surprise pour eux!" déclare-t-il en signalant que c’est Podz (Minuit, le soir) qui signera la réalisation.

Sept comme Setteur
de Patrick Senécal
Les éditions de la Bagnole, coll. Gazoline, 2007, 103 p.

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Stephen King, avoir peur

LE SLTR: 20 ANS DEJA!

Pour ses 20 ans, le Salon du livre de Trois-Rivières affiche fièrement ses couleurs locales, d’où le fort pourcentage d’auteurs de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Parmi eux figurent entre autres Fred Pellerin, Joël Champetier, Diane Lacombe, Louise Lacoursière, Véronique Marcotte, Paule Doyon, Nancy Montour, Guy Marchamps et… Bryan Perro, à qui l’on a confié la présidence d’honneur. Comme chaque année, l’événement qui se tient au Centre des congrès de l’Hôtel Delta recevra aussi quatre invités d’honneur: India Desjardins (jeudi 3 avril, journée consacrée à la littérature jeunesse), Francine Ruel (vendredi 4 avril, journée à l’intention des aînés), Patrick Senécal (samedi 5 avril, journée familiale) et Stéphane Dompierre (dimanche 6 avril, journée consacrée aux nouvelles voix de la littérature). Par ailleurs, pour une première fois (mais ce ne sera pas la dernière!), on tournera les projecteurs vers un éditeur qui se démarque dans la littérature québécoise: on honore cette année les Éditions d’art Le Sabord, qui célèbrent les 25 ans de leur revue et leurs 10 ans comme éditeur de livres. La programmation complète du SLTR est disponible au www.sltr.qc.ca.