Pierre Labrie : Mots d’ado
Pierre Labrie, poète trifluvien particulièrement prolifique, publie avec Le Vent tout autour son 10e recueil. Cette fois, il donne la parole à un adolescent.
Pierre Labrie arrive d’un pas assuré au Torréfacteur. Malgré son grand sourire, on remarque un peu de fatigue dans le coin de ses yeux. "En un mois et demi, j’ai seulement eu deux jours de congé!" clame-t-il. C’est que le poète, aussi coordonnateur à la programmation du Salon du livre de Trois-Rivières, a orchestré la 20e édition avant de prendre la route en direction du Salon du livre d’Edmundston, au Nouveau-Brunswick. D’ailleurs, le lendemain de l’entretien, il partait pour le Salon du livre de Québec.
Ces invitations dans les événements littéraires sont survenues à la suite de la publication du Vent tout autour aux Éditions de la Bagnole. Ce recueil, qui fait écho à une série d’ateliers de poésie donnés dans les écoles secondaires, s’inscrit dans un créneau tout particulier. "Il y a plein d’histoires et des livres pour les ados. Mais un livre de poésie qui parle de l’adolescence et qui s’adresse en plus à un public adolescent, ça, ce n’était pas vraiment un truc qui existait." En effet, le Trifluvien a construit un recueil qui colle aux préoccupations des jeunes, où sa voix se mêle à la leur. Un ouvrage où l’amour se trouve au centre de tout. "On dirait que dans leurs discussions, ce sont les seules affaires auxquelles ils accrochent, l’amour et l’amitié. Le restant, ça leur glisse tout entre les mains. Comme ils n’ont pas les outils, ils ne savent pas quoi faire avec", explique celui qui a imaginé un adolescent et une adolescente pleins d’idéaux s’aimant en marge de tout. Au fait, a-t-il eu du mal à renouer avec la ferveur propre à cette période de la vie? "Je me suis aperçu que je ne l’avais pas perdue. Je pense que je suis resté un adolescent à l’intérieur. Et c’est sans doute pour ça que je suis rendu à un 10e livre."
Si l’auteur s’intéresse beaucoup à la question de l’amour dans Le Vent tout autour, il y décrit aussi un monde qui s’effrite. "Le livre est à la fois noir et très blanc, estime-t-il. Si j’avais laissé ce côté noir-là et que le narrateur n’avait pas été l’un des deux jeunes, là, ça aurait pu être un livre de "ah! mon dieu, ça va tellement mal". Il ne faut jamais oublier que c’est un ado qui est en train de parler. Lui, tout ce qu’il y a autour de lui, à part sa nouvelle blonde et quelques chums, c’est une catastrophe totale. Il ne peut rien faire… Mais il y a aussi des textes touchants où tu sens que les deux jeunes sont hyper amoureux, où c’est beau. L’amour, c’est la seule beauté qu’ils contrôlent, même s’ils sont maladroits."
Le Vent tout autour
de Pierre Labrie
Éd. de la Bagnole, coll. Parking, 2008, 66 p.