À travers les figures de sa mère et de sa soeur disparues, mais aussi d’inspirantes rencontres (religieuse enseignante, étudiants d’un cours de création littéraire, électricien ayant lu Proust quatre fois), Suzanne Jacob s’intéresse dans son récent essai à ces «fictions qui nous fondent» et sans lesquelles «nous ne pouvons vivre, ni comme individu, ni comme groupe». Fictions personnelles, familiales ou nationales réalisées hors de tout projet littéraire mais à même la langue apprise, ce «mensonge sur lequel les adultes se sont mis d’accord». Déplorant la question trop souvent entendue qui consiste à demander à l’écrivain ce qu’il a voulu dire, l’auteure valorise plutôt l’acte de lecture lui-même, libre de proposer sa propre interprétation d’une oeuvre. Elle se console ainsi de la désaffection des médias à l’égard de la littérature, nous invitant, avec sa profondeur habituelle, à nous reconnaître, en tant que lecteur, comme un exceptionnel pourvoyeur de sens. Éd. Boréal, 2008, 140 p.