Marie-Christine Arbour : Une mère

Petit chef-d’oeuvre de subtilité et de finesse que ce deuxième roman de Marie-Christine Arbour, sobrement intitulé Une mère. Une narratrice se rappelle la relation fusionnelle et étouffante (mais non dépourvue de complicité) qui la liait à sa mère aujourd’hui décédée. Dans ce récit en spirale où les époques défilent en alternance se détache le portrait doux-amer d’une femme, à la fois «grande soeur», «hétaïre», «sibylle et marâtre», dont la vie, vouée à la séduction, suit les aléas de la mémoire de sa fille: réussite banlieusarde d’un premier mariage, abandon du mari pour une femme plus jeune, second revers conjugal suivi de diverses liaisons, dignité retrouvée par le travail, maladie et mort en solitaire. Autour de cette vie qui fut un échec selon des critères bourgeois, l’écrivaine ne manque pas de signaler, en filigrane, le constant décalage entre le rôle traditionnel et l’image moderne que plusieurs femmes s’obligent à adopter simultanément. à leurs risques et périls. Éd. de la Pleine Lune, 2008, 120 p.