Lise Gauvin : Mythes et réalités
Lise Gauvin devenait récemment présidente de l’Académie des lettres du Québec. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions sur une institution assez peu connue du public.
Il y a un moment déjà que Lise Gauvin réfléchit à la langue, à ses avenues littéraires, au rôle de l’écrivain et au rapport que ce dernier entretient avec son lectorat. Celle qui vient de publier aux Éditions Karthala Écrire pour qui? L’écrivain francophone et ses publics, un essai portant sur l’influence que peut exercer sur le travail de l’auteur la réalité des codes culturels et langagiers du groupe auquel il s’adresse, incarnait, par son parcours intellectuel, une candidate toute désignée pour la présidence de l’Académie des lettres après que Jacques Allard, président depuis 2004 et réélu le 18 janvier dernier, ait dû quitter son siège pour des raisons de santé.
On le sait, les académies du genre ont le dos large et sont souvent raillées, en particulier du côté de l’Hexagone. L’image vient vite à l’esprit d’une espèce de sénat peuplé d’écrivains sur le déclin, engoncés dans un rôle qu’ils sont à peu près les seuls à prendre au sérieux. Évidemment, cette lecture tient de la caricature, surtout en ce qui concerne l’institution québécoise, selon sa présidente: "Il y a actuellement à l’Académie des gens très dynamiques, vraiment. Des créateurs et penseurs rattachés à plusieurs disciplines, d’ailleurs. Hubert Reeves, par exemple. Parmi la quarantaine de membres, on compte les Nicole Brossard, Georges Leroux, Jean Royer, Gilles Pellerin… Ce ne sont pas des gens qui se contentent de jouer les figurants!"
La raison d’être de l’Académie des lettres du Québec? "C’est d’abord et avant tout de donner au livre et à ceux qui le font une plus grande visibilité dans la société, dans les médias." Pour ce faire, l’institution mise essentiellement sur deux grandes activités. Un grand colloque automnal, qui réunit plusieurs créateurs autour de différentes tables rondes, et surtout la Rencontre internationale des écrivains, dont la 36e édition vient de se clore à Montréal. "À cette occasion, explique Lise Gauvin, nous recevons un groupe d’écrivains de partout, avec lesquels nous réfléchissons à un thème donné (cette année, c’était "l’ailleurs"), et il importe de souligner que certains éléments de la programmation sont ouverts à tous. Nous présentions par exemple, le 24 avril, une conférence publique d’Alberto Manguel."
L’Académie, fondée en 1944 par Victor Barbeau et un petit groupe d’écrivains, s’est appelée Académie canadienne-française jusqu’en 1992, pour ensuite adopter sa dénomination actuelle. Pour en savoir davantage: www.academiedeslettresduquebec.ca.
Écrire pour qui? L’écrivain francophone et ses publics
de Lise Gauvin
Éd. Karthala, 2007, 180 p.