C’est dans l’optique de distinguer les faits du mythe que s’inscrit l’ouvrage fort bien documenté de Michael Gauvreau consacré aux «origines catholiques» de la Révolution tranquille. Le lecteur habitué à une interprétation unidimensionnelle des événements saura donc gré à l’historien de présenter la division de l’Église de l’époque en ses deux principales mouvances: une branche conservatrice tirant le Québec vers l’arrière et une branche libérale (présente dans les mouvements de jeunesse catholiques et les universités) ayant influencé les réformes du gouvernement Lesage. Il y a de quoi demeurer perplexe, toutefois, devant la charge critique formulée par l’auteur sur le mouvement nationaliste et social-démocrate, et devant la nostalgie implicite qui se donne à lire de ce Québec administré par des institutions catholiques. Vision utopique suggérant que la modernité québécoise aurait pu se passer de la rupture des années 60. Trad. par Richard Dubois, Éd. Fides, 2008, 458 p.