Les éditeurs étrangers : Plongée littéraire
Les éditeurs étrangers ont sorti l’artillerie lourde. Voici quelques parutions qui risquent de marquer l’automne…
"La rentrée littéraire est une maladie française qu’il ne faut surtout pas soigner", a dit un jour Beigbeder. Qu’il se rassure: aucun signe de rémission cette année. Voyons un peu ce qui, dans le flot des nouveautés venues d’ailleurs, mérite notre attention.
Grasset fera ses choux gras du Cas Sonderberg, d’Elie Wiesel, dans lequel un journaliste new-yorkais est chargé de couvrir un procès qui l’amènera à enquêter sur son propre passé. Aussi attendus, La Beauté du monde de Michel Le Bris, directeur du festival Étonnants Voyageurs, et le très beau roman du pote de BHL Jean-Paul Enthoven, Ce que nous avons eu de meilleur (voir notre article de la semaine dernière).
Chez Gallimard, signalons Lacrimosa de Régis Jauffret, échange singulier dans lequel s’engagent le narrateur et une jeune femme qui vient de se suicider, de même que Nos séparations de David Foenkinos et Une rencontre multiple, un tout nouveau Kundera dont on sait encore peu de choses.
Yasmina Khadra sera l’une des vedettes de cette rentrée avec Ce que le jour doit à la nuit (Julliard), même chose pour Marek Halter avec La Reine de Saba, tandis que les romans Mère et Fille d’Eliette Abécassis et Le Fait du prince de l’ultra-ponctuelle Amélie Nothomb marqueront l’automne chez Albin Michel. De son côté, le Franco-Brésilien Régis de Sá Moreira publiera au Diable Vauvert un quatrième titre qui nous fait déjà saliver, Mari et Femme.
Faste saison au Seuil, comme de coutume, où l’on attend entre autres Olivier Rolin et son roman Un chasseur de lions, autour du peintre Édouard Manet et de son collectionneur et modèle occasionnel Eugène Pertuiset, boute-en-train et aventurier, ou encore Solo d’un revenant de Kossi Efoui, qu’on dit jubilatoire sur le plan de la langue malgré un sujet dur: le retour d’un homme dans son pays d’Afrique après un exil forcé par dix ans de massacres interethniques. Sans oublier l’Angot nouveau, qui essuie actuellement une critique sévère en France: dans Le Marché des amants, l’auteure de L’Inceste brode autour de son histoire de coeur avec un certain Bruno, alias Doc Gynéco. La reine est aussi de la rentrée chez Plon, si l’on peut dire, Frédéric Andrau y signant Quelques jours avec Christine A., dans lequel il s’imagine enlever pour quelques jours l’égérie de l’autofiction hexagonale. Salman Rushdie publie pour sa part L’Enchanteresse de Florence, décrit comme un conte oriental, et on surveillera de près Les Monstres de Templeton, de la jeune États-Unienne Lauren Groff.
Chez Minuit, le Goncourt 1999 Jean Echenoz publie Courir, dont la présentation fait penser à Forest Gump: "On a dû insister pour qu’Émile se mette à courir. Mais quand il commence, il ne s’arrête plus. Il ne cesse plus d’accélérer." Pendant ce temps à l’Olivier, le bien-aimé Jean-Paul Dubois publie un roman dont le titre résonnera fort chez nous – Les Accommodements raisonnables – mais dont l’histoire se déroule surtout à Hollywood. Aussi au programme, Peut-être une histoire d’amour de Martin Page, dont le roman On s’habitue aux fins du monde (Le Dilettante, 2005) en avait séduit plusieurs, dont l’auteur de ces lignes.
On risque peu de se tromper, par ailleurs, en prédisant que les parutions des prochains Doris Lessing (Alfred et Emily, chez Flammarion) et Siri Hustvedt (Élégie pour un Américain, chez Actes Sud/Leméac) seront des temps forts de la saison qui s’ouvre.
En traduction, un nouveau roman du juge berlinois et auteur du Liseur Bernhard Schlink, Le Week-end (Gallimard), des nouvelles du Japonais Haruki Murakami, sous le titre Saules aveugles, femme endormie (Belfond), Dernier tramway pour les Champs-Élysées de James Lee Burke (Rivages) et un Joyce Carol Oates que Michael Connelly dit être "son chef-d’oeuvre", La Fille du fossoyeur (Philippe Rey).
On plonge?