Éric Dupont : Le fils d’Expo 67
Deux livres ont suffi à Éric Dupont pour inscrire son travail parmi les jeunes oeuvres les plus éloquentes de notre littérature: Voleur de sucre (Prix Senghor de la francophonie) et La Logeuse (gagnant du Combat des livres 2008 à Radio-Canada). Avec Bestiaire, il fait paraître son roman le plus ambitieux et le plus abouti. En puisant dans les souvenirs de son enfance gaspésienne, il nous donne à voir, de l’intérieur, une famille éclatée bien de son temps: le jeune narrateur et sa soeur, séparés de force de leur mère et entraînés sur les routes par un père agent de police dont la vie amoureuse plurielle lui mérite le nom d’Henri VIII, vont se frotter très tôt aux contradictions d’une société que les JO de 1976 n’ouvrent qu’à moitié sur le monde. On entre dans le vif des épisodes marquants d’une vie, fichés dans la mémoire et qui n’attendent qu’un prétexte pour s’éveiller. Si l’auteur ne peut, parfois, s’empêcher d’en faire beaucoup, d’être au bord du verbeux, on salue l’invention, la sensibilité, la portée du regard. Le talent, quoi. Éd. Marchand de feuille, 2008, 312 p.