Pierre Demers : Le travail du rêve
En rêve comme en voyage, "on ne sait pas ce qu’on fait", selon Pierre Demers. Une réflexion qui résume bien la portée de son plus récent recueil, La Chambre noire.
Sont-ils surgis d’une conscience démente ou d’un subconscient qui en a long à dire? Les poèmes oniriques et ironiques de La Chambre noire (Incubo) racontent comme seul Pierre Demers sait le faire. Cinquante tableaux d’une page, ponctués par des photos et des gravures, qui surgissent comme ces images subites troublant le cours de nos rêves. À la lecture des poèmes, on découvre les songes délirants d’un poète au sommeil agité par les démons de l’actualité autant que par un quotidien déluré.
Ces tableaux d’une folie souvent déstabilisante, desquels certains psychanalystes se régaleraient sans doute, relatent des récits impossibles et amusants. Dans cet univers qui se déleste du poids métallique des contraintes du réel, des objets peuvent même devenir personnages: un lit qui craque aurait, semble-t-il, souvent le dernier mot, et une tondeuse tordue serait douée des capacités nécessaires pour justifier ses étranges agissements…
Toutes les dérives sont permises dans cet exercice hypnagogique. Le poète chauffera un char d’assaut, plongera dans un lac glacé à cheval sur son ski-doo, voguera à bord d’une chaloupe sans fond, puis se permettra quelques voyages, en Sibérie, en Italie. Un voyage léger et rythmé, facile à suivre avec entrain. Éditions Trois-Pistoles, 2008, 78 pages.
Pierre Demers sera présent au Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean du 26 au 28 septembre.