Corinne Chevarier : Dehors l’intime
Il y a un peu plus de quatre ans, Corinne Chevarier nous donnait à lire un ouvrage admirable, volontairement escarpé, titré magnifiquement Les Recoins inquiets du corps; poésie situant la chair, le souffle, l’amour en des lieux difficiles, de par la dureté et l’intimité du ton. Une voix naissait alors, juste et belle, avec en elle la force et la rigueur nécessaires à cette rare poésie qui arrive à dire le corps que l’écriture libère, répare. Avec Dehors l’intime, Chevarier poursuit son exploration de l’«extériorité intime» (Lacan), mais avec moins de justesse et plus, en sorte, d’un hermétisme arrêté, encombrant: «il y a des drogues plus douces que l’amour / je savais pourtant faire le tri / entre boomerangs et ricochets». Si cette fois l’intérieur ne trouve pas aussi habilement que dans les recoins du corps l’enchaînement de ses images baroques, depuis une parole quelque peu programmée – carapace ou perlaboration -, il en vient cependant des bijoux de clarté: «Le soleil se casse / ce soir les arbres ont tort / la moiteur du boisé / rassemble les hivers / écharde inévitable / l’âme en travers des côtes / vide la mémoire du parc». Éd. Les Herbes rouges, 2008, 80 p.