Contes en Îles : J’ai quitté les Îles
Pendant 11 jours, les Madelinots ont vécu au rythme de la 7e édition du festival Contes en Îles. Sous le thème "Îles étaient une fois", 26 conteurs et conteuses d’ici et d’ailleurs ont raconté la vie dans toute sa diversité. Nous avons suivi l’événement à travers un blogue, dont voici quelques extraits.
26 septembre, 16 h
C’est à 16 h vendredi – heure des Îles – que le CTMA Vacancier a levé l’ancre, en direction des Îles-de-la-Madeleine. Comme plusieurs participants de Contes en Îles étaient à bord, le festival a commencé le soir même. C’est à Flora Devi, de l’Inde, qu’est revenu l’honneur de nous entraîner la première dans son imaginaire, avec l’histoire d’un sculpteur, d’un tailleur, d’un bijoutier et d’un magicien tombés sous le charme de la même femme. Comme l’avait si bien dit Victor Cova Correa, du Venezuela, pour l’ancienne danseuse, les épices de la parole sont la danse et le chant.
27 septembre, 14 h
Toumani Kouyaté, à Contes en Îles pour la quatrième fois, nous a entraînés dans son Burkina Faso natal. Au dîner, Victor m’avait dit que Toumani racontait des histoires pacifistes tout en brassant un peu les braises, et c’est ce que j’ai constaté en l’écoutant parler de guerriers, d’un serpent coupé en deux et d’une femme à la recherche de son âme soeur. En soirée, ç’a été au tour de Denis Gadoury de faire rire et d’étonner avec l’histoire de Louis-Joseph Armand La Misère, qui s’est joué trois fois de la Mort. Il a terminé sa prestation avec un nouveau conte, Les Étoiles. Touchant.
Déjà dimanche. Le temps passe vite quand on est bercé par des contes aussi colorés que profonds.
28 septembre, 20 h
La soirée d’ouverture du festival a donné le ton à un événement fait de découvertes, de rires et d’histoires à dormir debout (!) qui dépassent parfois la fiction. C’est le président d’honneur de l’événement, Michel Faubert, qui a donné le coup d’envoi avec un conte puisé dans ses souvenirs d’enfance. Avec verve, et en prenant soin de se ménager des effets de suspense, il a raconté sa première rencontre avec un fantôme: "C’est ce jour-là que j’ai pour la première fois senti l’odeur de l’éternité; un mélange de moisissure et de crottes de souris!" Depuis cette première rencontre marquante, Michel Faubert cherche de l’autre côté des murs et dans les corridors des contes et des fantômes… pour mon plus grand plaisir (!) et celui des Madelinots présents dans la salle.
30 septembre, 17 h
Coup de coeur mardi, lors de l’apéro conté qui s’est déroulé à la micro-brasserie À l’abri de la tempête (qui brasse notamment la bière L’Écume), à L’Étang-du-Nord. Il faut dire que le décor du bar, avec son balcon surélevé qui fait penser à un bateau, était particulièrement propice aux belles rencontres. Difficile, en effet, de ne pas céder aux charmes joyeux de l’histoire contée par Nadine Walsh, de Québec. La conteuse sait comment s’y prendre pour captiver le public et n’a pas manqué de le faire avec une légende de chevalier qui se transforme en divan.
1er octobre, midi
Assister à Contes en Îles, c’est aussi parcourir les Îles-de-la-Madeleine d’un bout à l’autre. Mercredi, donc, petit détour à L’Étang-du-Nord pour assister au dîner conté au restaurant À la folie douce. (…) C’est au tour de Patrice Michaud de prendre la parole, pour raconter une histoire de son cru, inspirée d’un rêve qu’il faisait enfant et du désir de vieillir dans sa Gaspésie natale. Il complète son tour de piste en interprétant de sa belle voix une chanson du poète et journaliste russe Varlam Shamalov. Wow!
1er octobre, 20 h
Mon coup de coeur de la soirée va sans contredit à André Vigneau, des Îles, et à l’histoire du cheval Farmer, qui aimait tellement son maître qu’il a traversé à la nage les dangereux courants qui séparent Havre-Aubert de L’Île-d’Entrée. Go, Farmer, go!
2 octobre, 20 h
Le dynamique Alain Lamontagne est monté sur scène et m’a fait rire en racontant l’histoire de sa première communion. Son père lui avait dit que communier, ça revenait à avaler le fils de Dieu, et qu’il ne fallait surtout pas s’étouffer avec l’hostie… Il nous a ensuite appris à chasser le ver de nuit, une entreprise périlleuse et gluante. À ne pas oublier si vous tentez l’expérience: quand il est stressé, le ver devient dur… À vous de tirer vos propres conclusions.
3 octobre, 20 h 30
C’est sous un ciel d’encre que je me suis rendue à la Dune-du-Sud pour la grande nuitée intitulée "À la rencontre du vaisseau fantôme". Ça valait la peine de braver le vent froid pour admirer les dunes éclairées par des flambeaux et des lanternes. Pendant que plusieurs Madelinots discutaient à l’entrée des grottes décorées de hiéroglyphes, les conteurs montaient sur des estrades à tour de rôle pour divertir les courageux venus assister au spectacle – je dis "courageux" parce qu’il y avait beaucoup de fumée et de tisons qui volaient au vent, et qu’à moins de se trouver à quelques mètres des conteurs, on n’entendait rien. Le passage d’un bateau "fantôme" au large de la dune a rendu la nuitée encore plus envoûtante. Je me suis d’ailleurs laissé dire par François Lavallée que la soirée s’était terminée aux petites heures du matin…