Lectures bien sombres : Sauve qui peut
Livres

Lectures bien sombres : Sauve qui peut

À quelques jours de la fête des morts, nous nous sommes plongés dans des lectures bien sombres, au pays des sueurs froides et de l’hémoglobine. Quelques bons crus…

Roman
Les Démons de Dexter
de Jeff Lindsay

Saviez-vous qu’à l’origine de Dexter, cette série télé qui fait un malheur à travers le monde, il y a les romans de Jeff Lindsay? Voici le troisième de la série, dans lequel on retrouve un Dexter toujours aussi déterminé dans ses macabres projets – rappelons que le serial killer ne s’en prend qu’à des victimes qui elles-mêmes ont tué – mais dont la nouvelle situation familiale va le troubler plus qu’il ne l’aurait pensé. En effet, lui qui se croyait parfaitement insensible s’attache un peu plus qu’il ne le devrait à Cody et Astor, les jeunes enfants de sa fiancée. Un psychopathe et un beau-papa poule peuvent-ils ne faire qu’un? Mais pour ce fou couvert par son job pour la police de Miami, tout bascule véritablement le jour où il se trouve privé du Passager noir, cette voix intérieure qui le guide et l’aide à retracer les assassins… Bourré d’imagination, sanglant et pervers à souhait. Éd. Michel Lafon, 2008, 328 p. (T.M.-R.)

Roman
Miserere
de Jean-Christophe Grangé

En guise de résumé, quelques phrases qui frappent l’imaginaire: "Ce sont des enfants. Ils ont la pureté des diamants (…). Mais leur pureté est celle du mal." Dans ce septième thriller, l’auteur français aborde un sujet franchement délicat: les enfants meurtriers. Le chef d’une chorale est retrouvé mort dans une église arménienne, les tympans transpercés par un objet effilé. Lionel Kasdan, policier à la retraite d’origine arménienne et Cédric Volokine, de la Brigade de la protection des mineurs, mènent l’enquête, tandis que les cadavres, affreusement mutilés, s’accumulent. Leur seul indice est le Miserere, un psaume par lequel ceux qui donnent la mort accordent aussi le pardon à travers les souffrances infligées. Frissons garantis. Éd. Albin Michel, 2008, 528 p. (C.F.)

Roman
Vargöld, le temps des loups
de Jacques Lazure


Nous sommes "dans un coin perdu où seuls s’aventurent les coureurs des bois téméraires et les colons entêtés". Non, il ne s’agit pas de l’Ottawa de Stephen Harper. Géographiquement, nous ne sommes pourtant pas loin, mais à une époque un peu plus reculée. En 1828, le prêtre Antoine Verreau, dont les intérêts oscillent entre l’art de l’exorcisme et les premiers balbutiements de la psychanalyse, est chargé de rassurer les bûcherons de la Haute-Gatineau, traumatisés par un meurtre barbare qu’ils attribuent à Satan. Il s’emballera presque autant que ses nouvelles ouailles alors que d’autres crimes plus violents les uns que les autres se succéderont dans la profondeur des bois. Sans être un chef-d’oeuvre du genre, Vargöld a une saveur particulière puisqu’il se déroule dans nos forêts et s’inspire de nos légendes. L’épouvante tricotée pure laine. VLB éditeur, 2008, 432 p. (C.B.)

BD
Sarah – Les Enfants de Salamanca, 1re partie
de Christophe Bec et Stefano Raffaele


David a convaincu sa femme Sarah, qui traîne un lourd passé, de quitter New York et de s’installer avec lui dans un bled aux confins de la Pennsylvanie. Un endroit calme, idéal pour un second départ. Mmmmh, pas si sûr… Les habitants du coin n’ont-ils pas un comportement étrange? Pourquoi l’école de la petite ville est-elle en ruine depuis 20 ans? Et quelle est cette bête qui rôde dans les souterrains, sous la maison? Le scénariste de Carême, le Français Christophe Bec, signe une trame à la Stephen King – peu de dialogues, un mal que l’on devine davantage qu’on ne le voit, une nature grandiose et inquiétante – que le dessinateur italien Stefano Raffaele, adepte de découpages cinématographiques, sert à merveille. Éd. Dupuis, coll. "Repérage", 2008, 64 p. (T.M.-R.)

Roman
Révélation
de Stephenie Meyer

Comme J.K. Rowling l’a fait avant elle, l’États-Unienne est parvenue à rallier adultes et adolescents autour de ses romans. Bella Swan ne sera peut-être jamais aussi populaire que Harry Potter, mais il faut accorder à Stephenie Meyer que, par l’entremise de la saga Twilight, elle a dépoussiéré un genre qui en avait besoin. Si l’histoire de la maladroite Bella et du vampire Edward demeure romantique, c’est grâce au suspense que l’on devient accro. Dans le quatrième roman, Bella se prépare à embrasser sa nouvelle vie de vampire, mais avant de devenir immortelle, un autre défi l’attend, qu’on découvre à travers les yeux de son ami, le loup-garou Jacob. Des longueurs, mais aussi beaucoup d’action et d’hémoglobine. En librairie le 6 novembre. Éd. Hachette Jeunesse, 2008, 696 p. (C.F.)

BD
Shutter Island
de Christian de Metter et Dennis Lehane


Shutter, une île au large de Boston, abrite un hôpital psychiatrique à sécurité maximale. Un soir de tempête, à l’été 1953, deux U.S. Marshals, Teddy Daniels et Chuck Aule, sont chargés d’aller y enquêter sur la disparition d’une patiente, Rachel Solando. Veuve de guerre, elle a noyé ses trois enfants dans le lac devant chez elle. Puis elle a ramené les corps à la maison pour les installer à la table de sa cuisine. Un beau jour, cette femme, folle, dangereuse mais aussi très belle, se volatilise de sa cellule, ne laissant derrière qu’un message codé. Débute alors une enquête qui flirte avec la folie et mène jusqu’aux frontières de la mort. Admirablement dessinée par Christian de Metter (dessinateur des trois volumes de la bédé Emma), cette réinterprétation du psycho-thriller de Dennis Lehane, grand maître américain du roman noir contemporain et auteur de Mystic River, plonge le lecteur dans un univers glauque et moite où les forces autodestructrices de l’esprit n’ont pas de limites. À lire en attendant la version cinématographique de Scorsese (mettant en vedette DiCaprio), qui prendra l’affiche l’année prochaine. Éd. Rivages/Casterman "Noir", 2008, 128 p. (C.B.)

Jeunesse
Mort et déterré
de Jocelyn Boisvert

On a tous vu des films de zombies parcourant lentement les rues à la recherche de chair fraîche. Comment vivent-ils leur état de zombie? L’auteur madelinot s’est posé la question et, dans son septième roman, y répond de manière divertissante. Dès les premières pages, Yan Faucher, 14 ans, trépasse, happé par un camion. Malgré la mort, Yan conserve sa conscience et la capacité de percevoir la vie, et les bibittes qui grouillent autour de son cercueil. Quand il parvient à s’en extirper, un an plus tard, Yan est en état de décomposition avancée, mais ça ne l’empêche pas d’aller retrouver ceux qu’il aime. Pour le meilleur. 11 ans et +. Éd. Soulières, coll. "Graffiti", 2008, 401 p. (C.F.)

Nouvelles
The Dunwich Horror
de H.P. Lovecraft


On ne se le cachera pas, les romans les plus terrifiants nous viennent souvent d’imaginations anglo-saxonnes. Autant, alors, s’offrir le plaisir de les lire dans leur langue d’origine. La série "Red Gothic Classics", de la très respectable maison Penguin, propose neuf classiques du genre en format de poche. Des histoires de fantômes, de démons et même de coquerelles tueuses signées Bram Stoker, Edgar Allan Poe, M.R. James, Ambrose Bierce, Arthur Conan Doyle, Richard Marsh, Elizabeth Gaskell, Vernon Lee et Wilkie Collins. Pour l’exercice, nous nous sommes plongés avec régal dans le Dunwich Horror de Lovecraft. Un recueil de nouvelles où l’auteur arrive à nous faire croire à l’existence de sorcières, d’esprits malins et du "Necronomicon" (oui, oui, le même livre des morts des films Evil Dead de Sam Raimi), livre plus ancien que les plus anciens des livres dans lequel on retrouve toutes les incantations nécessaires pour mettre un peu de piquant dans la vie des bons citoyens d’Arkham et de Dunwich, et, accessoirement, pour provoquer la fin des temps. Éd. Penguin, coll. "Red Gothic Classics", 201 p. (C.B.)