Pascale Montpetit : Je veux tout
Pascale Montpetit propose, dans le cadre du Studio littéraire, une lecture des Mémoires d’une jeune fille rangée. Nous avons discuté avec elle de son rapport avec Simone de Beauvoir.
"Elle est gloutonne, Simone de Beauvoir, elle veut tout prendre, tout comprendre!" Dans la bouche de Pascale Montpetit, dont on sait qu’elle a elle-même un bel appétit pour la vie, ces mots résonnent fort. Ça augure bien pour le premier Studio littéraire de la saison, dédié aux Mémoires d’une jeune fille rangée.
"J’avais lu ce texte quand j’étais jeune, avec intérêt mais sans doute en passant à côté de l’essentiel, se souvient la comédienne. Quand je l’ai relu, plus récemment, j’ai pris la mesure de l’importance du personnage. Ses Mémoires commencent alors que Beauvoir a trois ou quatre ans, elle remonte jusque-là, et à partir de ce point elle note sa vie dans le menu détail, de la manière la plus objective possible, et la plus impitoyable. Elle est d’une grande honnêteté par rapport à elle-même, elle ne se donne pas toujours le beau rôle. Par exemple, elle parle de son ambition, de son orgueil démesuré", souligne Pascale Montpetit, profondément fascinée par le travail anthropologique mené par l’écrivaine pour reconstituer sa vie, tant sur le plan psychologique que littéraire, philosophique ou politique.
Voilà aussi un registre de l’émotion, de la sensation, Beauvoir s’attachant à décrire depuis l’origine sa perception des choses, des objets. "Ça doit être très difficile à faire, comme de raconter un rêve à quelqu’un. Mais chez elle tout est classé, expliqué, même quand il est question de sensualité, de la saveur d’un fruit, d’un désir sexuel. Ça a quelque chose de rassurant d’ailleurs. On se dit: le monde est un peu ordonné quand même!" Ordonné jusqu’à l’obsession, voire l’intransigeance. "Elle a été intransigeante, oui, mais plusieurs des choses qu’elle revendique sont aujourd’hui quasi banales: la possibilité pour une femme, entre autres, d’aller au bout de ses ambitions et de ses désirs."
Comment Pascale Montpetit a-t-elle envisagé sa lecture? Elle aurait pu piger çà et là dans les quatre ouvrages qui constituent la biographie complète (qui comprend aussi La Force de l’âge, La Force des choses et Tout compte fait), mais elle a voulu plonger vraiment dans le premier, avec pour fil conducteur ce qui lui plaisait, d’abord et avant tout. "C’est un peu égoïste, je sais", dit-elle en riant, sachant que Beauvoir ne lui en tiendrait pas rigueur. "J’ai fait un certain montage, explique-t-elle encore, mais je me concentre sur la première partie du livre, qui la mène grosso modo à dix ans, bien que je vais lire également des segments qui débordent jusqu’à ses dix-huit ans."
Appétit, désir, plaisir. Pas de doute, la soirée que nous concocte Pascale Montpetit correspond à merveille au voeu des concepteurs du Studio littéraire, Michelle Corbeil et Stéphane Lépine, qui souhaitent que ces lectures publiques sèment chez l’auditeur l’envie de se caler plus tard dans un fauteuil, le livre (re)découvert entre les mains.
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